La petite

Un film de Guillaume Nicloux, avec Fabrice Luchini, Mara Taquin, Maud Wyler, 1h33, drame.

Le film qui m’a plu

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Par Roseline Cayla, Église protestante unie d’Angers-Cholet

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La Petite est inspiré du roman de Fanny Chesnel Le berceau. Je n’ai pas lu le roman mais j’en ai vu une courte présentation, et il me semble que le film n’a pas le même sens que le livre. L’agriculteur est devenu un ébéniste, et ce dernier entreprendra un voyage en Belgique et non au Canada.

 

Quand le film commence nous voyons le vieil artisan (Fabrice Luchini) dans son atelier, dérangé par un coup de téléphone qui lui apprend que son fils Emmanuel et l’ami de celui-ci sont morts dans un accident d’avion. Ce qui va le sortir de son chagrin, c’est la recherche qu’il va entreprendre. Oui, car les deux garçons qui voulaient être parents avaient fait appel à une mère porteuse en Belgique. Il veut la retrouver mais comment ? Que va devenir ce bébé sur le point de naître ? C’est toute l’histoire du film, qui ne traite ni du mariage gay ni de la GPA (gestation pour autrui), mais des difficultés que cet homme obstiné va rencontrer sur sa route. Ses relations avec sa fille semblent un peu difficiles. Il est veuf et elle voudrait lui trouver une nouvelle compagne, il lui rétorque « Est-ce que je me mêle de ton célibat ? » Quant à son fils, celui-ci lui est devenu presque indifférent. « Il ne s’est jamais intéressé à mon travail » dit le vieil homme. Il regarde tristement les vidéos qui montrent ce fils insouciant, vivant sa vie, heureux avec son compagnon…

 

Maintenant, nous voyons les parents du compagnon. S’en tenant à la loi, ils ne se sentent aucune obligation à l’égard de ce bébé et de sa mère. Ils ont payé les frais de rapatriement des corps des deux garçons et les obsèques, point final. Ils s’investissent plutôt dans l’association que les familles des victimes ont formée pour demander des comptes à la compagnie d’aviation.

 

Ce film, sans prétention, montrant des oppositions tranchées peut-être un peu caricaturales, effleure cependant plusieurs sujets qui nous donnent à penser. Qu’est-ce qui fait une famille ? Qu’est-ce qui fait un père ? Que transmet-on ? Et aussi qu’est-ce qui rend heureux ? Si vous appréciez Fabrice Luchini, ce qui est mon cas, vous irez voir ce film, dans lequel il a le rôle principal. Si vous trouvez cet acteur un peu cabotin, sachez qu’il joue ici avec sobriété et nuance un personnage très émouvant. Mara Taquin est tout aussi convaincante dans le rôle de la mère porteuse, au caractère dur, agressif même, sans doute par nécessité. Certes elle apparaît comme provocante : « Je peux m’envoyer en l’air avec tous les hommes, c’est pas votre problème » dit-elle en substance au futur grand-père qui ne la juge pas. Elle a touché une partie de la somme prévue par le contrat clandestin qu’elle a passé avec les deux garçons (alors que dans le roman, la jeune femme agit par altruisme paraît-il !) Qui maintenant va lui verser le solde, comme prévu, à la naissance du bébé ? C’est ce qui lui importe, et non l’enfant qu’elle compte donner à l’adoption.

 

À l’instant où j’écris, m’apparaît une image évidente qui pourtant m’avait échappé ! Ce vieil homme compatissant qui travaille le bois s’appelle Joseph. Il va prendre en charge une jeune femme dont l’enfant à naître est officiellement sans père déclaré, et à laquelle il propose un mariage blanc, car il veut adopter l’enfant. Cela ne vous rappelle-t-il rien ? Certes, la maman ne s’appelle pas Marie mais Rita, la patronne des causes perdues dans la religion populaire ! Et l’enfant… du Saint Esprit (oh pardon, d’Emmanuel !) est une petite fille (féminisation du mythe oblige !). Elle s’appellera Pauline, car Emmanuel aurait voulu, si c’était un garçon, l’appeler Paul… Face à la mort et au malheur, Joseph, l’ébéniste, a choisi l’enfant et la vie.

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