Le Comte de Monte-Cristo

Un film de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, avec Pierre Niney, Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier, 2h58, aventure, historique.

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Par Philippe Arnaud

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Quelques semaines après sa sortie, l’adaptation du roman d’Alexandre Dumas va dépasser les cinq millions d’entrées. Cela confirme le succès d’un tandem de scénaristes – ici également réalisateurs – qui a déjà récemment adapté Les trois mousquetaires. Mais l’engouement pour un film aussi long révèle quelque chose de la société qui l’accueille.

 

Interprété par des acteurs jeunes, populaires et talentueux (Pierre Niney, François Civil, Anaïs Demoustier…), Le Comte de Monte-Cristo suit assez fidèlement la trame du roman. Il en retrouve également la dimension de feuilleton qui, à l’époque des séries, rend à l’auteur toute sa modernité. Les rebondissements et coups de théâtre foisonnent, mais curieusement, le film comporte peu de scènes d’action et de duels. Dumas appartient au courant romantique, et Dantès a bien des traits caractéristiques des héros de ce courant : seul contre tous, révolté par l’injustice et prométhéen dans sa volonté de toute puissance. Pierre Niney lui donne une dureté et une détermination impitoyables.

 

C’est cela qui ici est mis en avant et captive, souligné par un montage nerveux. La veulerie et l’absence de scrupules de ses ennemis, qui leur permettent d’arriver à la fortune et au pouvoir, permettent une critique de la société de la Restauration et de ses injustices. Dumas, qui a eu notamment à souffrir comme « quarteron » du racisme, le savait mieux que d’autres. Nul doute que cela trouve un écho chez beaucoup de spectateurs d’aujourd’hui.

 

La modification principale réside sans doute dans le personnage d’Haydée, amoureuse de Dantès dans le récit de Dumas, pas dans le film où elle aime le jeune Albert de Morcerf. Cela ne change pas fondamentalement l’histoire, plus sombre que d’autres de Dumas, et son questionnement : jusqu’où la vengeance est-elle légitime ? Aveuglé par sa colère, son ressentiment, Monte-Cristo est ramené in extremis sur le chemin de l’humanité, et peut-être du pardon, par l’amour de deux femmes, Mercedes, et Haydée.

 

Divertissement efficace et captivant, le film rencontre donc un succès qui vient également de la modernité de son récit, des résonances qu’a celui-ci avec la place que notre société fait à la colère et au ressentiment. Soyons attentifs à l’antidote qu’il propose.

 

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