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Sur l’Adamant
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Un film documentaire de Nicolas Philibert, 2023, 1h49.
Le film qui m’a plu
Par Roseline Cayla
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En général, je n’apprécie pas les émissions sur la maladie psychique parce qu’elles ont tendance à enjoliver la réalité, prétendant par exemple qu’on peut vivre quasi normalement avec une schizophrénie, ou qu’on peut se passer des médicaments… Pourtant, je suis allée voir le film documentaire de Nicolas Philibert, Sur l’Adamant, une péniche à demeure sur la Seine, où est installé un centre de jour psychiatrique.
Déstigmatiser
J’étais avec deux amies qui, sont comme moi, concernées par la maladie psychique d’un proche. Et nous disons bien « maladie », car il faut appeler les choses par leur nom, bien que ce terme répugne au réalisateur qui préfère celui de « trouble », (je l’ai lu dans un interview.) Il est vrai que son propos est avant tout d’aller à la rencontre des personnes, de faire partager quelques instants de leur quotidien. Le montage reflète le regard plein d’empathie du réalisateur qui n’est pas un journaliste, il ne fait pas un reportage. Il ne montre pas les personnes en crise, ni celles qui n’ont pas souhaité être filmées. Il n’y a pas de voix off. Sa caméra fait apparaître la beauté des êtres, et ce qui nous relie aux autres plutôt que ce qui nous en sépare. Puisse cela contribuer à déstigmatiser les personnes « psychiatrisées », comme disent dans notre monde ceux qui refusent la psychiatrie.
Je dirais d’abord qu’un centre de jour, milieu ouvert, ne remplace pas l’hôpital. C’est un lieu de postcure qui s’adresse aux personnes connaissant la réalité de leur maladie, la nécessité des médicaments et des soins relationnels, et qui sont suffisamment autonomes pour se rendre dans ce lieu d’accueil ; nous voyons bien François expliquer qu’il serait invivable sans les médicaments. (Et c’est généralement après un temps plus ou moins long, voire plusieurs hospitalisations en milieu fermé, que l’acceptation du traitement se fait. Le film n’en dit rien car ce n’est pas le propos du réalisateur.)
Et accueillir
Ce lieu est fait pour accueillir, en journée, des personnes dites « stabilisées » mais qui ne peuvent s’assumer seules, qui restent fragiles. Elles peuvent souffrir de la solitude comme Muriel. Certains ont des enfants placés. L’une évoque son fils. « Il grandit bien, il est bien dans sa famille d’accueil ». Un autre dessine ses deux fillettes, Fany et Suzanne, qu’il emmènera le lendemain au zoo avec d’autres personnes.
Le matin l’infirmier arrive, il ouvre les volets de la péniche, le soir les volets se ferment et l’infirmier repart. Conformément aux principes de la « psychiatrie institutionnelle », le personnel soignant ne se distingue en rien des patients dans son apparence. Toutes les activités sont décidées et gérées ensemble, patients et soignants (plus ou moins !). Il y a le bar sans alcool, la bibliothèque, le cinéma, l’atelier « photographie », la salle de musique (l’un des participants a écrit une chanson, « Personne n’est parfait », qu’il chante en s’accompagnant au piano). Un autre est artiste-peintre. On va au marché, on cuisine…
Ce film sensible m’a touchée, mais les personnes que l’on voit ne sont peut-être pas représentatives du commun des patients. Il existe des centres de jour en divers endroits, avec peut-être un peu moins d’ateliers que dans celui-ci…