The lost king

Par Roseline Cayla

……..

Lorsque des personnes extérieures à la foi chrétienne découvrent que les Évangiles ne sont pas des comptes rendus historiques, mais des œuvres littéraires, par lesquelles leurs auteurs veulent témoigner de leur compréhension du Christ, quitte à utiliser le merveilleux, il n’est pas rare qu’elles s’enfuient aussitôt, loin de ces « sornettes » …

Une amie a eu cette dernière réaction à l’égard du film de Stephen Frears, The lost king, qui raconte l’histoire de la découverte, en 2012, de la tombe de Richard III sous un parking de Leicester (Angleterre). « Leicester n’est pas du tout comme ça, me dit-elle, et d’abord ça ne s’est pas passé comme ça ! Je n’ai pas aimé ce film !» Eh bien, à moi, il m’a beaucoup plu, car contrairement à cette amie, je m’attendais à voir non un documentaire mais une création, ce qui est en général le cas des films qui se présentent comme ayant un point de départ dans la réalité sans être des reportages.

Le réalisateur a fait de Philippa Langley une femme à la santé problématique : elle est atteinte du syndrome de fatigue chronique. Dans son travail, ce handicap n’est pas pris en compte et elle est écartée des promotions auxquelles les autres ont droit. C’est cependant une femme volontaire, qui s’est prise de passion pour le roi Richard III d’Angleterre dont la tragédie de Shakespeare n’a pas donné un portrait flatteur. Elle se documente sur ce personnage cruel, considéré comme un usurpateur, et veut croire qu’il n’était pas comme on l’a montré. « Est-ce parce qu’on a un corps difforme qu’on a des idées perverses ? » dit-elle en substance. (Pense-t-elle à son propre handicap qui la fait passer pour paresseuse ?) Elle emprunte à la bibliothèque tout ce qu’elle peut trouver sur ce roi mal aimé. Elle entre aussi en contact avec le surprenant club des fans de Richard III ! Pourtant elle ne trouve autour d’elle que de la condescendance, lorsqu’elle fait part de son étrange intuition : le cadavre du roi n’a pas été jeté dans la rivière, sa dépouille repose… sous un parking de Leicester ! Il faut entreprendre des fouilles, mais où trouver l’argent nécessaire quand tous la croient folle ? Mais elle aura le soutien de son ex-mari (Steve Coogan, qui est aussi le coscénariste du film) et de ses deux enfants, les seuls à croire en elle.

C’est Sally Hawkins qui joue le rôle de Philippa et j’aime à imaginer que la vraie Philippa a pu avoir cette personnalité que le film lui prête : elle n’aime pas l’injustice ! Elle se démène pour que la vérité soit révélée et ne se laissera pas marcher sur les pieds. Femme à la fois modeste et passionnée ! Et puis le film est plein d’humour, il y a des scènes vraiment cocasses… où Philippa, peut-être un peu délirante à force de se fatiguer pour ce qu’elle estime être son devoir, dialogue… avec le fantôme du roi ! Un film sans prétention mais attachant.