Trois mille ans à t’attendre

Trois mille ans à t'attendre, romance, fantastique, drame, 1h49min, de George Miller, par George Miller et A.S. Byatt, avec Idris Elba, Tilda Swinton et Aamito Lagum. Titre original : Three Thousand Years of Longing.

Le film qui m’a plu

 

 

Par Roseline Cayla

 

 

« Il était une fois », « En ce temps-là », nous connaissons bien ces formules qui augurent des histoires merveilleuses qui ont enchanté notre enfance ! Et puis il y a celles à propos desquelles le narrateur affirme : « Vous ne me croirez pas, mais c’est pourtant vrai, cela m’est arrivé », procédé de la littérature fantastique qui authentifie l’irruption du surnaturel dans la réalité rationnelle ! Certains films nous offrent à la fois les unes et les autres.

 

Trois mille ans à t’attendre, film américano-australien, de Georges Miller, est de ceux-là. Vous connaissez le génie qui sort de la lampe d’Aladin ? Ici, le djinn (Idris Elba) s’échappe, dans un jaillissement de flammes et de fumée, d’une verroterie, « l’œil-de-rossignol », qu’Alithéia (Tilda Swinton) vient d’acheter au Grand Bazar d’Istanbul. Le film est né d’une nouvelle de l’auteure anglaise A.S. Byatt, qui pastiche les contes orientaux ; Le djinn dans l’œil-de-rossignol, livre hélas épuisé.

 

Alithéia est une spécialiste de narratologie, qui s’est rendue en Turquie pour participer à un colloque. Alors qu’elle s’exprime sur la fonction des mythes dans les temps pré-scientifiques, affirmant qu’aujourd’hui nous n’avons plus besoin d’histoires merveilleuses, elle aperçoit, au premier rang, un personnage antique, blanchâtre comme une statue, paraissant venu des temps homériques, et qui d’une voix grondante va la contredire ! De frayeur elle s’évanouit. De retour dans sa chambre d’hôtel, c’est là qu’elle va vivre sa rencontre avec un djinn, qui se manifeste au premier abord comme un être gigantesque assez effrayant. Enfin il prendra une taille plus raisonnable et lui proposera, comme il se doit, de formuler trois vœux ! En bonne rationaliste, la narratologue se méfie de ce qu’elle voit et n’a envie de formuler quelque vœu que ce soit ! (Ce n’est pas un hasard si son prénom, Alithéia, signifie « vérité »).

 

Le djinn lui raconte alors, pour la convaincre, comment à trois reprises, il s’est trouvé enfermé dans ce flacon, à la suite des vœux formulés par une femme dont il était chaque fois, éperdument amoureux. Jusqu’à ce jour, où le geste maladroit d’Alithéia l’en a fait surgir (elle a cassé le flacon en voulant le nettoyer avec une brosse à dents électrique !). Le film mêle de façon cocasse la modernité et l’univers du conte. Dans un déploiement d’effets spéciaux, il fait brillamment alterner passé et présent, et une intéressante discussion s’engage, entre la narratologue et le djinn, ou, comment une auteure devient un personnage de sa création. En effet c’est Alithéia qui écrit l’histoire : n’a-t-elle pas tout imaginé ? Pourtant le djinn devient son ami… Absent, il est présent dans chaque élément du monde qui l’entoure, elle l’espère, elle l’attend… Nos sentiments ne créent-ils pas la réalité que nous vivons ?

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