Un beau matin

Un film de Mia Hansen Løve, avec Léa Seydoux, Pascal Greggory...

CINÉMA

 

 

 

 

Entre tristesse et exaltation amoureuse, le huitième film de Mia Hansen Løve, cinéaste de l’intime, est un drame émouvant et pudique nourri une fois encore d’autobiographie, et rythmé par une discrète mais prégnante bande musicale. Ce conte, qui déploie des situations familières, offre au spectateur des personnages tourmentés auxquels il peut aisément s’identifier.

 

Le scénario entrelace deux thématiques, l’impact personnel et familial d’une maladie cérébrale dégénérative et une passion partagée mais contrariée. Sandra élève seule sa fille de 8 ans, Linn, dans un petit appartement parisien et passe beaucoup de temps auprès de Georg, son père, un professeur de philosophie victime d’une cécité et d’une confusion croissante. Alors qu’elle cherche pour lui, avec sa sœur et leur mère, séparée de Georg depuis vingt ans, la meilleure solution d’accueil – hôpitaux puis ehpad –, Sandra fait par hasard la rencontre de Clément, un cosmochimiste, ami de son conjoint décédé et perdu de vue depuis longtemps. Avec lui va s’ouvrir une relation qui devient vite dévorante… mais il est marié et a un enfant.

 

De structure rhapsodique, le récit fait se succéder de nombreuses et riches scènes de la vie quotidienne, la réalisatrice filmant entre impressionnisme et naturalisme les espaces verts parisiens et, sur un mode quasi documentaire, le travail des soignants. Brèves ou plus longues, ces scènes éclairent la vie de Sandra, écartelée entre le deuil anticipé d’un père conscient de ce qu’il est en train de perdre et sa pulsion désirante pour Clément.

 

De cette alternance naît tout un système d’échos que se renvoient quatre générations féminines vivant intensément des sentiments contrastés : Sandra, rayonnant soleil mélancolique du film, fille, mère et amante, une attachante Léa Seydoux aux cheveux courts, le visage entre sourire et larmes ; Linn, une fillette futée qui perçoit tout ; la très vieille mère de Georg, fatiguée de vivre mais tellement vivante ; l’ex-femme de Georg, bobo un peu excitée souffrant d’inhibition affective. Les protagonistes masculins sont incarnés avec une grande justesse : Georg par Pascal Greggory, qui lui prête son regard éteint et son sourire lumineux ; Clément par un Melvil Poupaud éternellement jeune et charmeur.

 

Jean-Michel Zucker

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