Traditions religieuses
Les monothéismes. Judaïsme, christianisme, islam
Pierre Gisel, Labor et Fides, 2024, 304 p., 16 €.
Ce livre est tiré d’un cours universitaire donné par l’auteur, publié une première fois en 2006 et mis à jour pour cette nouvelle édition. Il adopte l’approche des sciences des religions pour examiner les différences entre les trois monothéismes (judaïsme, christianisme et islam) en prenant en compte le contexte historique et socioculturel dans lequel ils se sont développés. La présentation est faite selon le rapport que ces religions entretiennent au livre, à la ritualité, à la mystique, au temps et à l’eschatologie, au monde, à la modernité, et à Dieu. Cette confrontation, où le christianisme est généralement un peu plus détaillé, permet d’observer les parentés et les différenciations principales. Les positions sont décrites précisément et succinctement, laissant parfois le lecteur en attente d’un développement plus argumenté. Une présentation intéressante, bien qu’elle soit un peu difficile à lire en raison d’un style d’écriture quelque peu lourd.
Serge Wüthrich
Interreligieux
Paul et le judaïsme, regards croisés juifs et chrétiens
Actes de colloque, sous la direction de Serge Wüthrich et Marc Rastoin, Olivétan, 2024, 196 p., 17 €.
Les actes du colloque organisé par la FPF et les Facultés Loyola de Paris, en 2022 au Centre Sèvres, proposent des tentatives de relecture de cette figure majeure du christianisme qu’est Paul. La pluralité des intervenants offre un panorama des différentes approches.
Paul était juif, comme Jésus, c’est presque l’une des seules certitudes que nous avons. Pour le reste, beaucoup de questions sur lesquelles les auteurs tentent d’apporter des éclairages : Paul est-il l’inventeur du christianisme ? Quel est son rapport réel à la Loi et aux œuvres ? Pensait-il que la Torah était dépassée ? Au fil de la lecture (parfois dure, quand il s’agit d’aborder les conséquences funestes pour le peuple juif d’un paulinisme trop sûr de lui), on découvre que Paul était profondément attaché à son peuple, qu’il s’adressait essentiellement à des païens, qu’il était pétri d’eschatologie (il était persuadé du retour imminent du Christ)… autant d’éléments qui permettent de corriger notre regard. Car oui, il y a une fausse lecture de Paul. La théologie de la substitution a eu des effets délétères et les chrétiens, aujourd’hui, doivent en prendre conscience.
Paul est un juif du 1 er siècle qu’il faut lire et interpréter dans son contexte, c’est l’objectif de la Nouvelle Perspective sur Paul (NPP) qui remet aussi en question la lecture classique de la foi sans les œuvres.
Un ouvrage qui bouscule et ouvre de nouveaux espaces de réflexion (on y découvre le mouvement contemporain des « juifs messianiques » croyant en Jésus).
Raphaël Combe