♥ Témoignage
Les souvenirs d’un résistant à Buchenwald
Les chemins de l’aube, Sylvain Vergara, Ampélos, 2022, 110 p., 13 €.
Arrêté en octobre 1943, Sylvain Vergara arrive à Buchenwald à 19 ans, le 16 mars 1944, après avoir été torturé par la Gestapo comme opposant politique et passé quatre mois derrière les barreaux de la prison de Fresnes. Il vivait chez ses parents, dans le presbytère parisien de l’Oratoire du Louvre, où son père était pasteur.
De retour des camps, il écrit ses souvenirs mais ne sera pas publié dans les années 1950. Il fait enfin son apparition sur les comptoirs des librairies cette année aux éditions Ampélos.
Ces courtes nouvelles se suivent d’horreurs en horreurs, sous la forme d’une galerie de portraits où Emmanuel, le pseudo de l’auteur, n’évoque sa foi que de manière fugace de peur de réveiller des souvenirs décalés qui auraient pu faire douter. Surtout ne pas oublier Santamaria, Léon, Tchéminkov et son icône, Barlier, Barkov, tous ces morts-vivants mais toujours dignes.
On revit avec lui le reniement de Pierre quand, après avoir hésité plusieurs jours, il mange en cachette un quignon de pain trouvé au fond d’un placard.
Stéphane Griffiths
Religion
Le présent et l’avenir du catholicisme
Vers l’implosion ?, Danièle Hervieu-Léger et Jean-Louis Schlegel, Seuil, 2022, 400 p., 23,50 €
La lecture de ce livre passionnera toux ceux qui s’intéressent à la place du catholicisme aujourd’hui.
Pour ces deux sociologues des religions, les réactions à la crise sanitaire et la révélation des abus sexuels ont et auront des conséquences très lourdes conduisant à poser la question de l’avenir de l’Église catholique.
Confrontée à son ex-culturation, l’Église catholique doit rompre avec ses vieux démons que sont la volonté de régenter étroitement la vie la plus intime, le système clérical et la sacralité du prêtre.
Devant les blocages présentés, le sort réservé aux laïcs (et aux femmes) et aux tentatives de synodes, la justification par l’anthropologie, le lecteur protestant pourra se référer au fonctionnement de son Église et se rappeler que si parfois l’on se désole en se regardant, on peut se rassurer en se comparant.
Cette courte présentation ne peut refléter la richesse de ce livre qui rappellent un certain nombre de concepts qui expliquent la difficulté qu’aura l’Église catholique à se réformer.
Christian Roux
Enquête
Femme, homme : un flou artistique
Génération fluide. Enquête sur le genre, Sophie Woeldgen, 2022, Labor et Fides, 112 p., 16 €.
Féminin ou masculin ? La question du genre traverse la société tout entière. Sophie Woeldgen aborde ce thème dans ce livre. Quand est-on femme et quand est-on homme ? Par une assignation de genre à la naissance ou par une identité que l’on ressent personnellement au plus profond de soi ? Et qu’en est-il de la perception par la société de l’identité de quelqu’un ? Être femme ou homme, contrairement aux apparences biologiques et physiologiques, n’est pas si évident. Des situations intermédiaires existent.
L’autrice a accumulé des témoignages d’origines très diverses : les intéressé·es en priorité, mais aussi des médecins, des chirurgiens, des psychologues, des sociologues. Le livre permet ainsi de comprendre, au plus près de celles et ceux qui vivent ces paradoxes de la nature, les interrogations et les certitudes qui les habitent, parfois dans la souffrance.
Le chrétien est évidemment interpellé, tant la lecture de la Bible peut le conduire à une différenciation nette. Avec le travail de Sophie Woeldgen, il est placé face à une autre réalité.
Pierre Hachet
Jeunesse
La Malinche et les conquistador
Celle qui parle, Alicia Jaraba, Grand Angle, 2022, 24,90 €.
Comment de fille déchue de chef de tribu, devient-on esclave ? Aucun destin n’est tracé à l’avance, mais les dons et les valeurs reçus à la naissance et durant son enfance, sont autant d’outils de résilience.
L’histoire se passe en Amérique centrale, lors de l’arrivée du conquistador Herman Cortez. C’est en fait une biographie de la Malinche, personnage historique mexicaine controversé ; elle a collaboré avec l’ennemi conquistador contre son peuple.
Manlinalli (ou Malintzin ou Marina), plurilingue, va servir d’interprète à Cortez, c’est-à-dire de traductrice et de pont entre deux personnes, issues de deux milieux différents.
L’espoir d’une femme, dans un monde gouverné par les hommes, l’espoir de la tolérance religieuse, dans une terre à convertir, l’espoir de la parole, dans un monde où résonnent les armes.
À partir de 14 ans.
Nadia Savin
