Le film qui m’a plu
Par Roseline Cayla
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Conte de Noël de Charles Dickens, vous connaissez ? On y trouve ce personnage au cœur dur, Ebenezer Scroodge, qui deviendra bon et généreux après avoir reçu la visite de trois esprits, lesquels lui annoncent son prochain trépas. Une conversion totale !
Vivre, le film d’Oliver Hermanus cinéaste sud-africain, me fait penser à ce conte ! Nous sommes à Londres quelques années après la Seconde Guerre mondiale. Il est plaisant de voir le flot de ces britanniques, comme notre professeur d’anglais nous les évoquait, chapeau melon sur la tête et parapluie sur le bras, la tenue parfaite du gentleman ! Ils sortent de la gare de Waterloo pour se rendre à leur travail au County Hall. Chacun salue ses collègues, et très respectueusement son supérieur hiérarchique, un cérémonial immuable.
Le scénario de Kazuro Ishiguro, (d’après Vivre d’Akira Kurosawa, un film de 1952), nous montre un chef de bureau de la mairie de Londres, M. Williams, (joué par Bill Nighy). Distant et froid, il est dénué d’empathie. Une délégation de mères de familles vient déposer, en vain, un dossier : il serait justifié de créer une aire de jeu dans leur quartier, fort touché par la guerre.
Mais un jour, apprenant qu’il n’a plus que quelques mois à vivre, il prend soudain conscience de l’inanité de sa vie. Pour la première fois, le vieil homme ne se rend pas à son bureau, où chacun se cache derrière sa pile de dossiers, assez haute pour montrer qu’il a beaucoup de travail à faire… comme ses collègues l’enseignent au jeune Peter, souriant et plein d’énergie : dans ce service administratif somnolent, on est peu efficace ! Dehors, M. Williams rencontre un homme qui l’incite à découvrir une autre vie… Les images deviennent floues, M. Williams va d’un lieu de distraction à un autre, un peu ivre. On lui vole son chapeau melon et le voilà avec une coiffure quelconque ! Adieu le gentleman qu’il a toujours voulu être !… Mais tout cela ne le satisfait pas. Comment fait-on pour être heureux ?
C’est là qu’intervient un bon ange, si je puis dire, en la personne d’une jeune employée qui semble avoir le don de la joie, le sinistre M. Williams va totalement changer d’attitude, à la surprise de tous, y compris de son fils et de sa bru qui ne savent que penser ! Il retourne au bureau, ayant pris conscience que derrière les dossiers qu’il traitait avec mépris, il y a des personnes qui se battent pour vivre mieux. Il va mettre toute l’énergie qu’il lui reste, à remuer ciel et terre pour réaliser cette aire de jeu. « Je suis passé à côté des merveilles de la vie », dira-t-il. On le voit, assis sur une balançoire, dans l’aire de jeu, sous la neige qui tombe… Il fredonne une chanson. Il est enfin heureux ! Image émouvante.