Par Jean Loignon, Église protestante unie de Loire-Atlantique
……..
Parfois familiers, parfois inconnus, évidents ou plus obscurs, je les lisais, sans toujours avoir le temps de me pencher plus avant dans leur interprétation. Jusqu’au jour où est tombé le verset 13 du chapitre 1 dans la lettre aux Romains : « Que tout homme soit soumis aux autorités qui exercent le pouvoir car il n’y a d’autorité que par Dieu et les autorités qui sont établies par lui ».
Une utilisation détournée
Une livraison brute, sans commentaire qui peut être lue aussi bien par un croyant averti que par un chercheur novice dans la quête de sa foi. Rappelons quelle utilisation des autorités terrestres ont faite de ce verset pour maintenir des peuples en servitude et justifier leur répression ! Et quelle sera la réaction devant la parole de Jésus « Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive » (Matthieu 10.34) ; ou celle d’une femme devant les propos de Paul prônant la soumission à son mari « Femmes, soyez soumises à vos maris, comme vous l’êtes au Seigneur » (Éphésiens 5.22) ?
Pour éviter ces risques de rejet, il est évident que les sélectionneurs du site vont s’interdire des versets particulièrement violents ou sanguinaires, fréquents dans le Premier Testament.
Une impasse et un danger
Mais peut-on censurer la Bible, au motif qu’une livraison quotidienne ne peut être que brève et dépourvue d’accompagnement ? Et quand bien même ce serait, on n’empêchera pas la mauvaise rencontre d’un curieux de Bible avec une parole horrible, comme celle qui conclut le magnifique psaume 137 : « Fille de Babylone […], heureux qui saisira les nourrissons pour les broyer sur le roc. » Une parole inaudible mais qui retentit pourtant dans le contexte de la guerre de Gaza.
Je crains que la formule du verset quotidien choisi ne soit une impasse et un danger pour la diffusion missionnaire de la Bible. Aujourd’hui, les moyens numériques permettent facilement d’autres voies, celle d’une lecture communautaire d’un passage biblique plus consistant, pas tous les jours mais une heure par semaine, avec l’éclairage d’un pasteur et le partage des réactions et des savoirs d’un groupe que rejoint sans nul doute l’Esprit saint. Ainsi fortifiés, les lecteurs peuvent savourer mais aussi affronter toute la Bible.
Je me suis désabonné du verset quotidien.
→ Site de l’Alliance biblique.
* Cet article est paru dans la chronique Œil de Réforme du 2 octobre.