Au commencement était le Culte

Culte au temple de Châteauroux présidé par Jean-Luc Cremer pour l’installation du pasteur Luc Serrano, le 30 aout 2020 © DR

Nos assemblées dominicales s’amenuisent, vieillissent, selon les lieux il n’y a plus guère de demandes pour des cultes de maisons, des veillées de prières… et les rencontres bibliques sont de moins en moins prisées.

Pour certains, ce sont même là des formes de partages spirituels dépassées, il faudrait miser sur d’autres médias plus virtuels et moins en présentiel, ce qu’hélas nous a parfois imposé l’actuelle situation sanitaire. Pour d’autres, ce serait l’action dans le monde – notamment dans l’espace socio-culturel -, au rythme du siècle, qui serait plus « efficace », plus concrète, pour porter au monde l’Évangile.

Une vie chrétienne cultuelle

Or que nous dit le Nouveau Testament, comme ce passage de Actes 2 (42.46-47) ? « Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières… Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés. », si ce n’est qu’au commencement était le Culte dominical ! Nous lisons ici que la première manifestation d’une vie chrétienne spécifique fut cultuelle et pas diaconale, dans ces « cultes de maison » où se réunissaient les premiers disciples du Christ pour partager sa parole ainsi que le pain et le vin du mémorial de la première Cène. Première des fêtes chrétiennes, ce « culte dominical » est bien ce « là où deux ou trois se réunissent autour du Nom du Seigneur » autour duquel s’est constituée l’Église-événement.

Dieu fait mouvement vers nous

Dans le Culte, ce n’est pas l’homme qui monte vers Dieu, mais c’est Dieu qui fait mouvement vers nous, qui vient à nous dans sa Parole : il en est donc l’Auteur-Acteur et nous les auditeurs. Car contrairement aux autres religions où le culte est le service que l’on rend à une divinité, pour le chrétien il est un service que Dieu rend à l’homme, un espace de dialogue qu’Il ouvre pour nous ouvrir à son Amour et à sa Grâce.
Voilà pourquoi ces moments de vie cultuelle, et ils peuvent être de toutes sortes, sont indispensables et indépassables ; car dans notre vie, rien ne peut vraiment remplacer l’écoute de la Parole de Dieu, pas même nos « bonnes œuvres » diaconales ou sociales !
Aucune vie austère ou rigueur morale, aucun service dévoué rendu aux autres ou à quelques grandes causes, ne peut remplacer l’écoute de la Parole de Dieu, seul ou en communauté de famille, de maison ou d’Église. Mais cela ne veut pas dire que l’on doit se contenter seulement du culte pour vivre en disciple du Christ : le service de Dieu passe aussi par le service du prochain !

Soyons prêts à entendre ce qu’Il a à nous dire

Bien sûr ces cultes, ces moments de rencontre et d’écoute de la Parole de Dieu, ne sont pas toujours comme on les souhaiterait ; et pour ce qui en est du culte dominical, on pourra même le trouver parfois trop long, vieillot, ennuyeux. Mais est-ce vraiment le cas ? N’est-ce pas plutôt nous qui sommes aujourd’hui plus enclins à critiquer, à regarder la montre en pensant au repas, qu’à écouter et nous laisser porter par des paroles jetées là en écho à ce que Dieu veut nous dire, collectivement ou individuellement ? Oui, il y a peut-être des choses à changer, à faire, pour renouveler les discours, les signes et les gestes qui témoignent de cette Parole qui fait irruption dans nos vies, au cœur de nos assemblées. Beaucoup de choses ont d’ailleurs été changées et essayées ici ou là, mais pas forcément avec succès ; car le plus souvent ce n’est pas en modifiant la forme que l’on arrive à changer certains comportements vis-à-vis de Dieu, de l’écoute de sa Parole ou du respect du prochain. Il faudrait plutôt nous convertir, nous réformant intérieurement pour être prêt à entendre ce que Dieu a à nous dire.

En oubliant les pensées parasites

Et pour entendre Dieu, il faut un instant oublier le monde, l’espace et le temps, et même celui qui parle, avec ou sans qualité oratoire, avec ou sans robe pastorale ; oublier les pensées parasites, ce qui nous divise intérieurement ou dans la communauté, s’oublier, pour n’être plus attentif qu’à la Parole, ce souffle de vie surgissant de quelques extraits de la Bible, d’un bout de pain et d’un peu de vin partagé, de la chaleur et du bonheur de se retrouver en présentiel, frères et sœurs compagnons d’une éternité ou seulement d’un instant, tous ensemble orientés vers ce Dieu qui nous a convoqués, qui se donne à nous et nous réunit par et dans son Amour.

Pasteur Luc Serrano
Église protestante unie d’Indre et Creuse

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