Fêtée à Pâques, rappelée lors de chaque célébration, la résurrection soulève une série de questions. Si nul ne peut exactement en délimiter les contours, elle touche pourtant chaque instant de la vie chrétienne personnelle, sociale, ecclésiale.
Se représenter la résurrection est un exercice délicat. L’apôtre Paul la décrit (1 Corinthiens 15.20) comme un retour à la vie. Le symbole des apôtres confesse la résurrection de la chair, ce mot englobant une réalité plus large que le corps terrestre. La question se pose donc de la forme de cette résurrection.
Impossible à définir
Pour évoquer le retour à la vie, Paul est amené à aborder le sujet en deux approches. D’abord il utilise une image issue de la germination des plantes, pour décrire un changement de nature. La graine est transformée pour devenir plante, comme l’être humain terrestre régi par les lois de la nature deviendra être humain céleste régi par l’Esprit saint. Cette image, qui n’est pas strictement une définition, appelle une seconde approche basée sur la foi. Ce qu’on ne peut humainement appréhender peut s’éclairer sous l’action de l’Esprit.
Dès le début du christianisme, la résurrection n’est donc pas un retour à l’identique, mais la promesse d’une transformation qui ne peut être décrite objectivement, tant elle appartient au domaine de l’Esprit donc de la foi.
Avant tout une question
Nombre d’exégètes pensent que l’évangile de Marc se terminait initialement au verset 8 du dernier chapitre, avec la frayeur devant le tombeau vide et la fuite silencieuse après la découverte. L’Évangile semble dire : Et vous, qu’en pensez-vous ? Cette fin abrupte replace au cœur de Pâques le souvenir de l’annonce par Jésus puis par un ange, de la résurrection. Cette question reflète pour Marc le centre de l’Évangile, lorsque Jésus demande aux disciples : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » (Marc 8.29). La résurrection peut dès lors être comprise comme une affaire de foi personnelle qui, si elle impacte la vie des disciples, se transmet aussi de proche en proche jusqu’à aujourd’hui. Cette interprétation personnelle apparue très tôt dans l’Église se marie particulièrement bien avec la dimension très individuelle du Carême qui précède Pâques.
Une résonance existentielle
Un certain nombre de paroissiens avouent saucissonner mentalement le credo lorsqu’ils le récitent, se taisant notamment à l’évocation de la résurrection de la chair. Le risque est ici d’attacher plus d’importance aux conditions physiques, qu’au fait même de ressusciter ou d’être ressuscité. Pour répondre à cet écueil, des mouvements d’Églises, pasteurs et théologiens de toutes tendances théologiques, valorisent une compréhension symbolique des confessions de foi historiques, considérant avant tout les effets d’une résurrection actuelle et effective. En d’autres termes, la résurrection, c’est aussi maintenant. Le chrétien est appelé à vivre un changement radical de ses habitudes, à transformer son existence pour vivre réellement sous la grâce, à ne pas s’attarder à tenter une définition exacte de la résurrection dont l’élaboration lui prendrait des forces. L’insistance actuelle sur la mise en route personnelle et sur le pragmatisme s’ajuste peut-être à une société du mouvement et de l’efficacité. Une société qui, somme toute, n’a pas encore trouvé la définition exacte du mot résurrection. Les efforts de l’apôtre Paul pour la décrire en plusieurs temps demeurent une référence.
Guillaume Brétose