Fascinante Apocalypse – Des images à entendre

C’est sous ce titre que paraîtra à la fin de cette année la publication de l’OPF (Office protestant de la formation), et cela dans le cadre d’Étudier la Bible, anciennement Cours Biblique par correspondance (https://www.etudierlabible.ch). Le frère Pierre de Marolles, OP (ordinis praedicatorum), assure le suivi académique de ce parcours qui donnera lieu à une série d’études bibliques qui auront lieu dans le Pays de Montbéliard (secteur de Saint-Julien).

Grain de sable

 

© Yaalan

 

Par Yvan Bourquin

 

L’Apocalypse exerce une fascination, des origines de sa rédaction jusqu’à nos jours, précisément parce qu’elle déploie d’innombrables images qui se donnent comme autant d’énigmes à décrypter. Mais la langue abondamment imagée de l’Apocalypse ne se perd jamais dans des fantaisies débridées. Elle plonge ses racines dans l’Ancien Testament et cherche à structurer une vision du monde, notamment celle des premiers chrétiens qui se découvrent en décalage avec leurs contemporains, et donc partiellement inassimilables. Cette étrangeté suscite troubles et vexations, ébauche des persécutions ultérieures au sein de la population qui ne tolère guère les comportements jugés déviants. Toutefois, plus on se plonge dans l’étude de l’Apocalypse, plus on s’aperçoit qu’elle n’est pas seulement le reflet des difficultés de l’Église naissante ; ce livre entend dévoiler, de manière prophétique, les mystères de la fin du monde, qui débordent le cadre de l’histoire.

 

Vivre dans l’attente

 

Une nouvelle conscience historique se développe de nos jours. L’humanité ne s’inquiète du sens de l’histoire que lorsqu’elle se rend compte que cette histoire peut avoir une fin. Précisément, une perception plus fine des changements climatiques et le constat de l’effondrement d’un monde familier nous plongent dans un climat de crise anxiogène : sommes-nous à l’aurore d’un matin nouveau ou entrons-nous dans le crépuscule annonçant un temps de profondes ténèbres ? Les croyants des temps bibliques vivent dans l’attente du « Jour du Seigneur », qui viendra mettre un souverain terme au déroulement de l’histoire du monde. L’heure du crépuscule de l’histoire marque ainsi deux événements simultanés : un effondrement du monde et une révélation de Dieu. De fait, l’apparition historique de Jésus-Christ sur la terre est pour l’Apocalypse la pierre faîtière de toute l’histoire. Mais l’Apocalypse ne se contente pas de mentionner le seul Jésus historique, elle le considère dans la gloire où il a été souverainement élevé. Ce que ce livre atteste dans la grandiose splendeur de ses images, ce n’est au fond que l’épanouissement de la foi en Dieu et en son Christ.

 

Fournir les clés

 

L’impression première que l’Apocalypse est un livre embrouillé et confus disparaît à mesure qu’on la lit plus soigneusement. L’extase, violente excitation de la sensibilité religieuse, n’est pas étrangère à la Bible, qui fonctionne par associations d’idées et par le recours à toutes sortes de représentations, notamment artistiques. L’extase ouvre à une nouvelle dimension de la réalité. Les images s’imposent au lecteur qui se met en devoir, non pas seulement de les décrypter, mais d’entrer dans le mouvement qu’elles esquissent et déploient. Il n’est ainsi pas exagéré de dire, à la suite de Bossuet, que dans l’Apocalypse, « toutes les beautés de l’Écriture sont ramassées ». Les anciennes prophéties sont réappliquées aux événements de l’époque de rédaction de l’Apocalypse et reprennent un sens nouveau. L’Apocalypse ne cherche ainsi pas à embrouiller les esprits, mais à fournir les clés qui permettent à l’entendement de fonctionner, indépendamment des peurs et des angoisses du temps présent qui pourraient le paralyser.

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