La femme moderne de la Bible

À la fois cheffe d’entreprise, maîtresse de maison, épouse heureuse, amie généreuse, et comme si cela ne suffisait pas, missionnaire.

 

Par Nadia Savin

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Priscille, illustration des Femmes de la Bible d’Harold Copping © Domaine public

Selon le profil psychologique de la revue Parents, son prénom correspond à une femme « enthousiaste, ainsi que sociable. Elle se met au défi sans sourciller et atteindra les objectifs qu’elle se fixe. Enfant, elle n’apprécie pas la solitude et a besoin d’être entourée ». Elle n’aurait qu’un « point faible : elle peut se montrer trop sûre d’elle, tout en étant quelqu’un d’ouvert d’esprit ». D’après le site Magicmaman, elle serait « audacieuse, déterminée et en demande de nouveauté. C’est aussi une personne aventureuse et curieuse qui aurait tendance à paraître assez imprudente. »

 

Une superwoman

 

Une femme moderne du XXe siècle ? Moderne sûrement, mais des années 40-60 (après Jésus Christ).
L’avez-vous reconnue ? Un indice ? Elle aurait « pour sainte » : Paul (hic) de Tarse ! L’un de ses meilleurs amis.
Vous l’avez deviné, cette superwoman est Priscille, Prisca de son petit nom, la collaboratrice de Paul (Romains 16.3-5), l’épouse d’Aquila, et probablement la cogérante de la multinationale Tentes Med (Actes 18.3) dont les comptes demeurent non déposés, mais qu’on soupçonne confortables, vu le mode de vie de ses actionnaires.
En effet, le couple mène grand train aussi bien dans sa résidence principale de la colline de l’Aventin, que dans ses maisons secondaires où il se réfugie, quand le vent tourne à l’anti-christianisme à Rome, sous l’empereur Claude (Actes 18.2).

 

Curieuse

 

Elle ne semble pas regretter la ville éternelle, s’intégrant facilement aussi bien à Corinthe (Actes 18.18-19) qu’à Éphèse, transformant son patio (ou salon) en église de maison. Curieuse des nouvelles spiritualités et théologies, elle ne se laisse pas entraîner par les femmes d’Éphèse dans le culte ancestral d’Artémis, la déesse de la chasse et des femmes enceintes. Au contraire, initiée par Paul de Tarce (Cilicie), lui-même, ex-zélote (Actes 22.4), à la Voie de Dieu (Actes 18.26), cette nouvelle confession du judaïsme, contestée par les Sadducéens. Sûre d’elle, elle remet dans le droit chemin ceux qui pourraient tomber dans l’hérésie, comme Apollos (Actes 18.26). Instruite, elle connait les Écritures et est capable de voir en Jésus, le Messie annoncé.

 

Et enthousiaste

 

N’est-ce pas en cousant des tentes, qu’Aquila, Paul et Priscille ont pensé au nom d’ecclesia en latin, renvoyant à l’idée d’assemblée, en référence aux assemblées qui se tenaient chez cette célèbre maîtresse de maison (1 Corinthiens 16.19) ? En effet, pas besoin de synagogue, ni de temple aux colonnes corinthiennes, richement décorés de bois de cyprès ou de cèdre, pour se tourner vers Dieu. Un rassemblement de personnes sincères et désaltérées à la même coupe est bien plus porteur. Durant ces assemblées, elle lit et relit les lettres de Paul, pendant que son mari assure l’intendance domestique.
Priscille a l’enthousiasme des nouveaux convertis, prompte à évangéliser le premier venu : juif, romain ou grec, esclave ou libre, homme ou femme. Son mari, Aquila (« aigle » en latin), plane un peu, mais jamais très loin, comptant sur ses serres pour la défendre. Toutefois sa témérité comme son manque de discrétion auront raison d’eux. S’ils ont eu réussi à sauver Paul de la décapitation, ils seraient eux-mêmes morts en martyres, décapités, dans une ville dénommée Héraclée du Latmos.

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