La Pentecôte ou entendre parler des merveilles de Dieu dans sa langue maternelle

Actes 2.1-42

Dans le récit de la Pentecôte, les versets 5 à 13 mettent en scène une foule d’étrangers, venus de tout le pourtour méditerranéen et même au-delà, parlant des langues diverses. Grâce à l’action de l’Esprit saint, ils entendent de façon miraculeuse parler des merveilles de Dieu dans leur propre langue. Que signifie cette expression ? Elle peut paraître de l’ordre du témoignage, quand on partage avec d’autres comment Dieu se rend présent dans le monde et dans nos vies.

À partir du verset 14, l’apôtre Pierre se lève et prononce un discours. Et là, tout le monde a l’air de le comprendre, au point même de se convertir.

Une culture commune

Mais dans quelle langue s’exprimait Pierre ? L’araméen ? Sa propre langue ? Celle de Jérusalem ? Le grec, que tout le monde parlait plus ou moins dans l’Orient antique en plus de la langue locale, un peu comme nous avec l’anglais ? Le Nouveau Testament n’a-t-il d’ailleurs pas été écrit en grec ? On peut donc pencher pour cette langue, même si au fond ce qui compte c’est que tout le monde avait l’air de comprendre Pierre. D’autant plus que, même si la langue qu’utilise Pierre est étrangère pour beaucoup, son discours est basé sur une culture commune. En effet il cite le prophète Joël, le roi David, connus des Juifs et des convertis au judaïsme majoritairement présents.
Mais si tous ces étrangers pouvaient comprendre Pierre, alors pourquoi le miracle des langues diverses ? La clé se trouve peut-être au verset 8 : « Comment les entendons-nous chacun dans notre propre langue maternelle ? », assorti du verset 11 : « Nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu ».
Entendre parler dans une langue étrangère que l’on comprend permet la communication, mais l’utilisation de la langue maternelle permet une compréhension plus fine, et surtout cela touche beaucoup plus facilement notre affect, nos émotions. Cela nous atteint très profondément.

Un défi pour les chrétiens d’aujourd’hui

Le texte des Actes joue donc sur deux tableaux. Les gens ont été bouleversés en entendant « parler des merveilles de Dieu » dans leur langue maternelle, et beaucoup ont été convaincus par le discours de Pierre, compris par tous et s’appuyant sur une culture juive commune.
Et aujourd’hui, avec quels mots témoignons-nous à nos contemporains des merveilles de Dieu ?
Nous avons en général une langue commune, le français. Mais beaucoup ne connaissent plus le langage de la foi chrétienne. Ils n’en ont plus le vocabulaire ni les concepts, n’ayant pour la plupart pas été catéchisés depuis l’enfance. D’autres qui vivent ici ont des origines étrangères avec des cultures variées sur des fonds religieux parfois très lointains du nôtre.
Comment alors « parler des merveilles de Dieu » à chacun dans leur « propre langue » ? Comment témoigner auprès d’eux avec des mots qui font sens pour eux ?
Sur quelle culture commune pouvons-nous nous appuyer pour leur parler de Jésus, comme Pierre l’a fait ?
C’est un véritable défi pour les chrétiens d’aujourd’hui. Alors, en ce temps de Pentecôte, laissons-nous remplir de l’Esprit saint pour trouver les mots qui sauront toucher chacun d’eux, dans sa propre langue maternelle et dans sa propre culture.

Françoise Giffard

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