Les différents sacrifices du Lévitique

Les premiers chapitres du Lévitique traitent du culte sacrificiel. Il fut central en Israël, qui a donné un sens* totalement différent des autres religions. Israël célèbre un Dieu de vie ; les cultes antiques sacrifient à un dieu coléreux exigeant punition au prix de souffrances et de morts.

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Par Pierre-François Farigoule, pasteur retraité

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Moïse a reçu une promesse de Dieu : « En tous lieux où je ferai rappeler mon Nom, je viendrai vers toi et je te bénirai (Ex 20.24) ». Ainsi, lorsqu’un sacrifice lui est offert, c’est Dieu qui vient. Chaque sacrifice actualise la rencontre entre Moise et Dieu au Sinaï (Ex 19.9) : « … Je vais venir jusqu’à toi dans l’épaisseur de la nuée, afin que le peuple entende quand je parlerai avec toi et que, en toi aussi, il mette sa foi à jamais ».

 

Honorer Dieu

 

Lévitique 1 à 3 détaille trois sacrifices. Chacun est un repas. Il s’agit d’honorer Dieu et de vivre un temps de rencontre.
L’Holocauste (ch.1) représente l’hospitalité suprême. Israël honore son Seigneur en offrant un repas auquel nul autre ne prend part (Lév 7.8). L’offrande végétale (ch.2), est un présent qui signifie que tout sacrifice est une marque de sujétion et un geste d’hommage. Partagée entre Dieu et les prêtres, elle réalise la communion parfaite qui résulte de la consommation d’une même nourriture. Cette offrande anticipe le repas eschatologique auxquels tous et toutes auront part dans un monde renouvelé.

 

Dans le Sacrifice de paix ou de communion (ch.3), Israël convie le Seigneur à partager un repas de fête. La victime est partagée entre Dieu, les prêtres, celui qui sacrifie et ses convives (7.23-34). Le Seigneur, à la place d’honneur, est servi en premier et reçoit les morceaux de choix.
Il est clair que le sacrifice n’a pas pour but d’apaiser Dieu. On n’invite pas à sa table quelqu’un qui vous est hostile et si Dieu accepte l’invitation, c’est qu’il est bien disposé. Sa venue est bénédiction et vie.

 

Enlever les obstacles

 

On trouve deux autres sacrifices, le hattat (4.1-5,13) et l’asham (5.14-26). Leur fonction est d’ôter les obstacles qui s’opposent à la rencontre avec Dieu. L’autorité sacerdotale en fixe les modalités suivant un catalogue des fautes et impuretés (ch.11).
Le hattat est dit sacrifice « pour le péché », terme impropre. Il s’agit d’une faute inconsciente ou d’inadvertance où la responsabilité morale n’est pas engagée. Il est offert par le « coupable » (4.5,13). Il s’impose à certaines occasions, après une guérison, pour les consécrations, nouvelles lunes, au Jour des expiations (ch.16. 1-23). Le hattat n’est pas un sacrifice mais plutôt un rite qui permet le passage d’un état à un autre. Il est marqué par l’importance du sang qui contient la vie et est vie (17.11).

 

L’asham résulte de la conviction que Dieu est propriétaire ultime de tout bien. C’est un sacrifice de réparation exigé en cas de vol affectant Dieu (5.15-16) ou un Israélite (5.21-26 ; 19.20-22). La réparation versée à Dieu est un animal symbolisant la valeur du vol. Le coupable doit aussi réparer auprès de la victime. Le culte sacrificiel n’a pas échappé aux déviances que les prophètes ont largement dénoncées (Mi 6.6-8 ; Ésaïe 1.10-20, etc.). Leurs critiques ont permis une autre expression sacrificielle : prière et amour du prochain, lutte et contemplation.

La place centrale attribuée à l’offrande végétale a orienté la pratique vers un repas simple de pain et de vin où le partage communautaire réalise la communion avec Dieu.

 

* Grappe, Chris/an, Marx, Alfred, Le sacrifice – Vocation et subversion du sacrifice dans les deux Testaments, Labor et Fides, Genève, 1998.

 

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