Les manuscrits de la mer Morte, c’est quoi ?

Également appelés manuscrits de Qumrân, les manuscrits de la mer Morte sont un ensemble de parchemins et de fragments de papyrus principalement en hébreu, mais aussi en araméen et en grec.

© Juha67 de Pixabay

 

Par Françoise Giffard

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Tout commence en 1947 lorsqu’un berger bédouin découvre des manuscrits anciens cachés près de Qumrân, le long de la mer Morte. Ensuite, entre 1947 et 1956, environ 970 manuscrits sont découverts dans onze grottes. Certains se trouvaient dans des jarres fermées. Beaucoup étaient sous forme de fragments (environ 100 000).

Une des grottes était aménagée comme une bibliothèque et contenait à elle seule plus de 550 manuscrits. Une hypothèse est qu’une communauté essénienne aurait caché ces manuscrits dans des grottes pour les protéger avant d’être anéantie par les Romains en 68. À cette époque, le judaïsme avait comme courants majeurs les Pharisiens, les Saducéens et les Esséniens.

 

Qu’a-t-on découvert ?

 

Les manuscrits trouvés sont à caractère religieux, essentiellement en hébreu. On les date du IIIe siècle avant Jésus-Christ au Ier siècle après Jésus-Christ.

25 % sont des textes de l’Ancien Testament. Ils y sont tous, sauf celui d’Esther, avec beaucoup d’exemplaires de la Torah, des psaumes et des récits d’Ésaïe dont un rouleau était conservé dans son intégralité.

55 à 60% sont des textes apocryphes juifs de l’Ancien Testament. Les textes majeurs retrouvés sont le livre d’Hénoc ainsi que le livre des Jubilés connus auparavant seulement par des traductions, ou des textes inconnus comme des psaumes de Josué.

15 à 20% sont des textes provenant vraisemblablement des communautés vivant autour de l’endroit. Ces écrits parlent de la règle de leur communauté, de leur théologie, de leur liturgie.

 

Qu’est-ce qui les rend importants ?

 

Ces manuscrits ont environ 1 000 ans de plus que les autres manuscrits connus, et certains sont contemporains de Jésus. C’est une découverte majeure.

Ils nous apprennent que tous les livres de l’Ancien Testament étaient déjà considérés comme des textes de référence, avec une insistance sur la Torah, Ésaïe et les Psaumes. De plus, plusieurs versions de ces textes avec de nombreuses variantes, non majeures, montrent que le texte continuait à évoluer avant sa fixation au Ier siècle. Ils nous apprennent également que des regroupements de textes commencent à apparaître dans des mêmes rouleaux : la Genèse, l’Exode, les Nombres, le Lévitique, les douze petits prophètes… La Bible commence donc déjà à se former.

 

Et aujourd’hui ?

 

On a longtemps cru que la Septante, l’Ancien Testament traduit en grec et lu par les premiers chrétiens, comportait des erreurs de traduction. Or certains manuscrits retrouvés valident ce texte. On considère maintenant la Septante comme le reflet de sources anciennes.

Les textes non bibliques nous permettent de mieux connaître le contexte religieux au temps de Jésus. On y trouve par exemple une attente messianique forte.

Le grand nombre de livres d’Hénoc montre que des textes nouveaux enrichissaient la révélation. Ce dernier n’a cependant pas été retenu dans le canon (sauf en Éthiopie). Mais il est cité dans l’épître de Jude 14-15.

Le grand nombre de fragments n’a permis de terminer leur déchiffrement qu’en 2002. Ils ont commencé à être édités et leur étude approfondie n’en est qu’à ses débuts. La majorité des manuscrits sont conservés à Jérusalem, mais on en retrouve un peu partout, issus des ventes des bédouins. Vu leur valeur marchande très élevée, de nombreux faux sont en circulation. Alors, attention !

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