Les visions divines d’Ézéchiel

La livraison des lectures bibliques de juin nous propose un long parcours avec le prophète Ezechiel qui s'étendra jusqu'en août, entrecoupé par la deuxième Épître aux Corinthiens, lue en deux temps.

Lire la Bible en six ans

  

Par Jean Loignon, Église protestante unie de Loire Atlantique

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Ézéchiel est un des quatre « grands » prophètes avec Ésaïe, Jérémie et Daniel. Son ministère se déroula des premières années du VIe siècle av JC et il fit partie des premiers contingents hébreux déportés en Babylonie, d’où il suivit l’inexorable destruction du royaume de Juda et de Jérusalem en 587. Comment alors donner tout son sens à cette tragédie ? Une interrogation qui peut encore résonner aujourd’hui en Israël.

 

Un déluge d’images

 

Fresque tétramorphe dans l’un des monastères des Météores en Thessalie © Domaine public

Ézéchiel, qui parle en « je » relate en direct des visions divines qui l’érigent en prophète. Mais il le fait avec une abondance d’images plus spectaculaires les unes que les autres. Ainsi dès le chapitre 1, la Gloire de Dieu lui apparaît sous forme de quatre créatures, aux faces multiples d’humain, de lion, de taureau et d’aigle – ce seront les attributs des quatre évangélistes – soutenant un trône où siège une lumière incandescente, le tout dans un fracas sonore… Notre sensibilité protestante, habituée à la sobriété voire l’austérité dans la transmission de la Parole, peut être surprise par ce déluge d’images ou de situations extravagantes, comme celle où Dieu prescrit à son prophète de manger un rouleau de papyrus ou d’être le bouc émissaire du péché d’Israël et de Juda, couché plus d’un an et nourri d’aliments cuits sur un feu d’excréments…

Une autre vision divine ramènera Ézéchiel au temple de Jérusalem, où il ne peut que constater l’ampleur des profanations idolâtres. Les premières attaques babyloniennes n’ont pas servi d’avertissement et la Gloire de Dieu dotée de roues quitte la ville. La chute de Juda et l’Exil  auront bien lieu, même si Dieu laisse brièvement entrevoir l’espoir d’un peuple juif renouvelé dans son coeur et sa foi et retrouvant la terre d’Israël (11.17-20).

 

Un travail de réconciliation

 

Le lien avec 2 Corinthiens ne frappe pas immédiatement, si ce n’est que même dans une Église nouvelle, vivifiée par le ministère itinérant de l’apôtre Paul, les crises de croissance et les déviations dans la foi peuvent se manifester, reproduisant à une échelle réduite les errements des royaumes de Juda et d’Israël. Il convient de garder à l’esprit tout ce que dénonçait Paul dans la première Epître aux Corinthiens et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’avait pas été suivie d’effet. Et c’est un Paul, prophète incompris comme Ezéchiel, qui ne cache pas ses déceptions et sa douleur mais qui entreprend un travail de réconciliation avec ses adversaires. Car au-delà des questions de personnes, c’est Jésus-Christ Seigneur qui est proclamé (4.5) et c’est l’essentiel.

 

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