Par Agnès Dollfus Kressmann, Église protestante unie du Poitou rural
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Le maître constate que tel figuier planté dans sa vigne ne donne jamais de fruit, il demande au serviteur de le couper « À quoi bon garder un arbre stérile ? Il prend de la place et il est inutile ». À quoi le serviteur jardinier répond « Laisse-lui encore une année, je creuserai la terre autour de lui et lui mettrai de l‘engrais. Ensuite, s’il ne donne toujours pas de fruit, tu le feras couper ». La scène est en place : Dieu commande, le Christ intercède, l’Esprit/engrais insuffle la vie. Nous ne connaissons pas par quels chemins, mais nous savons que l’Esprit nourrit et que, peut-être, si nous l’accueillons, le recevons dans notre terre aride, il nous aidera à donner des fruits.
S’appuyer sur Dieu…
Nous dépendons de Dieu, entièrement et toujours. Non pour nous soumettre à lui, mais pour nous appuyer sur lui. Et c’est une délivrance car il ne s’agit pas de pouvoir, ni de domination, ni de crainte, ni d’inconnu, mais de soulagement. Nous pouvons nous appuyer, nous confier, nous sommes soutenus, le mur ne s’écroulera pas. À l’instant même où cette notion d’appui était évoquée dans le déroulement des échanges, j’ai ressenti le soulagement m’envahir « pour de vrai », comme disent les enfants. Je me suis laissée aller contre le dossier de ma chaise et me serais presque endormie si je n’avais craint de paraître étrange…
Puis se reposer
Revenons à l‘inutile du chapitre 17 de Luc avec les versets 7 à 10. Ces versets sont complexes, ils me heurtent toujours, surtout le dernier : « Nous sommes des esclaves inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire ». Quand soudain j’ai reçu cet éclairage : nous avons fait ce que nous devions faire, nous pouvons aller nous reposer. Nous pouvons nous retirer.
J’ai pensé alors que lorsqu’on aborde la dernière partie de sa vie, on peut employer la même phrase : « J’ai fait mon travail de mon mieux, j’ai vécu ma vie avec bien des zigzags, mais après tout, c’était simplement ce que je devais faire. Maintenant je peux me retirer, j’ai acquis le noble statut d’inutilité dont parle Luc. Un chemin aride reste cependant à parcourir : celui du détachement ».