Marie de Magdala, une femme devant la mort

La figure de Marie de Magdala, alias Marie-Madeleine, est pour ainsi dire ensevelie par le traitement hors norme que la tradition chrétienne lui a réservé : diabolisée en prostituée repentie, réhabilitée en « Apôtre des Apôtres »,

Femmes de la Bible - 2


Lire : Jean 20, 1-18

Par Jean Loignon, Église protestante unie de Loire Atlantique

La figure de Marie de Magdala, alias Marie-Madeleine, est pour ainsi dire ensevelie par le traitement hors norme que la tradition chrétienne lui a réservé : diabolisée en prostituée repentie, réhabilitée en « Apôtre des Apôtres », fantasmée en épouse de Jésus avec enfants à la clé, sans oublier une migration maritime vers la Provence où elle aurait terminé ses jours.

Paradoxalement, l’Évangile de Jean ne mentionne son nom qu’une fois, dans le récit de la crucifixion avant de lui donner une place majeure comme témoin de la résurrection du Christ : c’est dans le chapitre 20,1-18, texte retenu par Théovie, pour son parcours «Femmes du Nouveau Testament »

https://www.theovie.org/parcours-bibliques/des-femmes-dans-la-bible-88750/marie-de-magdala-93538/

 

Dans ce récit très construit, Marie de Magdala ne se rend pas au tombeau avec ses compagnes pour procéder à la toilette mortuaire de Jésus, inhumé à la sauvette; elle y va seule, comme pour vérifier l’impensable : Jésus est mort. Et de constater que la pierre du tombeau a été roulée et que le corps n’y est plus, ce que verront aussi sans s’émouvoir particulièrement Pierre et l’autre disciple – Jean? –  va renforcer en elle un déni et la possibilité d’un corps retrouvé et maintenu dans un tombeau des humains.

 

Deux anges messagers entendent sa détresse et mais c’est avec Jésus, que d’abord elle ne reconnaît pas, le prenant pour un jardinier ayant déplacé le corps, qu’elle va dépasser ce déni et accepter que la maîtrise  du cadavre de Jésus est inutile et même contraire à sa volonté   de rejoindre son divin Père. L’échange avec Jésus est dans la tendresse d’un «Marie » et d’un « Rabbouni » affectueux mais aussi dans la mission confiée à Marie de Magdala : annoncer  la première la Résurrection, cette nouvelle par laquelle se reconstruiront les disciples endeuillés.

 

Choc devant la mort, déni, révolte et tentative d’y remédier avant d’arriver à l’acceptation qui permet aux endeuillés de revivre (de ressusciter ?)… Nous reconnaissons là les étapes du deuil théorisées par les psychiatres contemporains. Et ainsi une femme, dont le reste de la vie n’est connu que de Dieu,  peut nous rejoindre, par delà nos croyances,  dans ce que tout homme et toute femme sont amenés à vivre, la mort de leurs proches. C’est une Bonne Nouvelle.

 

* D’après le parcours proposé par Théovie Des femmes de la Bible

Le Titien, Noli me tangere, 1514, National Gallery

 

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