Par Jean Loignon, Église protestante unie de Loire-Atlantique
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Dans le premier (Matthieu 1.18 et 2.23), la future mère du Christ y est passive, vouée a priori au sort des épouses adultères, au pire la lapidation, au mieux une répudiation suivie d’un bannissement. Tout se passe entre l’ange du Seigneur et Joseph qui accepte cette étrange paternité et nomme l’enfant Jésus. Les épisodes suivants – Mages à Bethléem, fuite en Égypte et retour à Nazareth sont des affaires d’hommes qui ne concèdent pas la moindre place à Marie.
Un plein accord
Toute autre est la perspective choisie par l’évangéliste Luc (Luc 1.26-56 et 2.1-24 et 41-51). L’ange Gabriel s’introduit directement chez Marie dont le père n’est pas cité, sans passer par son futur mari. Troublée par la promesse d’une grossesse émaillée de références tirées de l’Ancien Testament, la jeune fille, néanmoins, ne craint pas d’opposer un robuste bon sens aux propos de Gabriel, qui doit argumenter en rattachant le futur miracle à celui analogue de la grossesse d’Élisabeth, sa cousine plus âgée et pourtant enceinte de Jean le Baptiste. Marie se définit alors comme « servante » du Seigneur mais donne son plein accord au projet divin.
Une Marie active
Les deux futures mères vivront de concert leurs grossesses décalées et il leur reviendra de nommer leurs fils, à l’opposé des traditions patriarcales de l’époque. Leurs paroles sont autonomes et Marie se situe à l’égal des prophètes, le temps d’un Magnificat où la louange à Dieu se mêle à un message éminemment politique. Et à Bethléem, c’est une Marie active qui accouche, emmaillote et dépose son bébé dans la mangeoire. Et elle retient avec attention l’hommage inattendu des bergers, gens frustres et peu recommandables, tout en essayant de comprendre le sens de ces événements. Plus tard ce sont des parents et non le père seul, qui accomplissent les rites de naissance au Temple et veillent à l’éducation de Jésus, y compris lors de sa fugue juvénile à Jérusalem.
L’affirmation de la divine filiation de Jésus, futur Christ, nécessitait l’effacement de la suprématie masculine humaine. Force nous est de constater que, ce faisant, l’évangile de Luc délivre un vigoureux message de libération des femmes. Une Annonciation peut en cacher une autre.
→ Cet article doit beaucoup au moment d’échanges proposé par Théovie sur les femmes du Nouveau Testament.