Pentecôte : la fête de la surprise *

Même si on l’attend, même si on l’espère, l’événement nous tombe dessus par surprise et on ne maîtrise absolument plus rien !

Actes 2.1-13

 

Par Solange Weiss-Déaux, pasteure du secteur Montpellier – Ouest « La Margelle » de l’Église protestante unie de Montpellier & agglomération

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Dans nos Églises, quand on parle d’évangélisation et de formation au témoignage, le premier acte n’est pas de nous mais de Dieu et nous subissons d’abord un grand dérangement ! Peut-être parce que Dieu a compris que sinon, on ne passerait jamais aux actes… des apôtres. Car c’est ainsi : la spécialité de l’Esprit saint est de nous faire sortir de nos « zones de confort ou de repli » pour notre plus grand bénéfice !

 

Les apôtres saisis par l’Esprit saint n’ont même pas le temps d’être surpris. Ça les « douche » ! Par contre, pour ceux ou celles dont c’est la première approche, l’effet est la surprise et cette surprise n’a pas la même intensité, la même force et n’est pas accueillie de la même façon par tous ceux qui s’approchent.

 

La liberté de croire

 

Depuis sa naissance et après sa résurrection, « l’événement Jésus-Christ », parce qu’il est signe de Dieu, ne fait pas l’unanimité, provoque le débat des cœurs et du coup, il est un signe de contradiction. C’est la liberté de Dieu de nous laisser cette liberté de croire. Mais c’est aussi sa liberté de faire souffler son Esprit sur des situations nouvelles pour des rencontres qu’on n’aurait pas imaginées et peut-être même pas souhaitées. Les guerres, les orgueils politiques, les mondialisations à la Babel, les protectionnismes nationalistes, tout cela n’est pas conciliable avec l’évangile de Jésus-Christ, même si hélas l’histoire a montré les dérives chrétiennes dans la conquête de territoires sous couvert de mission et d’évangélisation.

 

On dit que l’événement de Pentecôte est le contraire de l’événement mythique de la Tour de Babel. À Babel, « Toute la terre parlait la même langue avec les mêmes mots ». À Babel l’harmonie était uniforme et il y avait volonté de concentration.

 

L’espéranto de la foi

 

À Pentecôte c’est dix-sept nationalités ou origines différentes qui se rassemblent autour de la maison où étaient confinés les apôtres, une maison qu’on dirait désormais sans mur. À Pentecôte, le second effet de la tombée de l’Esprit saint est de faire venir vers les apôtres une multitude pour les faire sortir eux aussi de leurs murs !

 

Le premier effet est le parler en plusieurs langues que chacun entend dans son dialecte. Les apôtres sont tous galiléens mais par l’Esprit saint ils sont devenus en quelque sorte apatrides, c’est-à-dire ne possédant la nationalité d’aucun pays ni la protection d’aucune loi nationale. Mais en devenant ces apatrides-là, ils deviennent aussi polyglottes. Surtout en n’étant rattachés à aucune nationalité et aucune culture, ils les traversent toutes et ils peuvent parler à tous.

 

À Pentecôte l’harmonie ne vient donc pas de l’uniformité mais de la diversité des langues et des cultures qui se retrouvent dans une sorte d’espéranto de la foi. L’espéranto est une langue inventée pour être simple, transculturelle, internationale mais apatride, unique mais colorée des particularismes de 120 langues. L’espéranto a surtout pour but de rejoindre l’autre quel qu’il soit, de se faire comprendre et de créer des liens. Et c’est bien ce qui se passe dans cet étrange événement de Pentecôte.

 

 

* Extrait d’une prédication publiée dans Notes bibliques et prédications en 2022 sur le site de l’EPUdF.

 

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