Par Jean Jouseau, Église protestante unie du Cher
De tout temps on est en droit de penser que l’homme s’est tourné vers une transcendance.
« Le chrétien doit prier comme le cordonnier faire des chaussures et le tailleur faire des costumes car prier est le métier du chrétien ». Ce propos attribué à Martin Luther fait de la prière une activité centrale, une manière de vivre, de se penser soi-même dans ses relations avec Dieu et le monde.
Une relation vivante
Que peut-on dire aujourd’hui pour nous chrétiens sur le sujet ? Quels sont la forme, le contenu, l’objet, l’espérance de cette prière dans notre Église, paroisse de l’Église protestante unie de France ?
Dans l’Encyclopédie protestante, on trouve un article synthétique sur le sujet signé d’André Birmelé, théologien contemporain, ancien doyen de la Faculté de théologie protestante de Strasbourg, où chaque mot compte : « En insistant sur la Foi seule, les réformateurs ne voulaient pas mettre en avant une croyance, mais la relation vivante et confiante qui lie Dieu aux êtres humains. Dans cette relation une place prépondérante revient à la prière, dialogue entre Dieu et le croyant. Elle n’est pas œuvre de piété pour s’attirer la faveur d’une divinité, mais lieu de parole et de vie qui unit le Dieu, personne qui parle et qui écoute, à sa créature. Le témoignage de l’Ancien Testament comprend la prière comme échange vivant entre le peuple et son Dieu qui l’accompagne (cf. Exode ou les Psaumes). Le Nouveau Testament insiste sur la prière de Jésus, la relation privilégiée du Fils et du Père dans laquelle les disciples sont invités à entrer aussi (Galates 4.6 )… »
Le cadre étant posé il est bien clair que pas plus que l’habit ne fait le moine, la posture de prière ne fait le chrétien. La vie spirituelle est d’abord une disposition intérieure nourrie, vivante, alimentée par l’exercice de la rencontre entre soi et la Parole, avec l’aide de l’Esprit Saint.
Dans le secret
Oui, mais alors qu’est la prière « en vrai » ? Comment oser prier ?
Au plus simple, il est facile de dire ce que n’est pas une prière. Jésus-Christ nous le dit avant de nous livrer le Notre-Père (Mathieu 6.5-8).
« Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites qui aiment à prier debout dans la synagogue et au coin des rues, pour être vus des hommes. Je vous le dis, ils reçoivent leur récompense. Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est là dans le secret ; et ton Père qui voit dans le secret, te récompensera. En priant ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez ».
Ensuite, ensuite…
- Avancer dans la vie, armé de sa Bible et de sa lecture, de son propre discernement, don de Dieu qui nous a fait libres, avec les événements et les personnes qui nous sont donnés, terrain de l’Amour du prochain et de son exercice.
- Apprendre à faire silence pour entendre Dieu et recevoir ce qu’il nous donne, Lui.
- Avancer dans l’intimité relationnelle avec Dieu, Jésus-Christ le Fils et le Saint-Esprit malgré nos doutes, nos perplexités, « nos genoux trop raides » pour consentir à la dévotion.
C’est la quête de « l’Ineffable Présence qui féconde la vie ».