Guerres de religion : mise en lumière

Avec une exposition sur les guerres de religion, le musée de l’Armée à l'hôtel des Invalides (Paris) présente une page d’histoire restée méconnue et confuse pour le grand public. Que peut en retirer le visiteur protestant ?

Par Anne-Marie Balenbois

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Portrait de Gaspard de Coligny,
seigneur de Châtillon, amiral de France, XVIe siècle, anonyme. Société de l’histoire du protestantisme français, Paris © SHPF

À part la Saint-Barthélemy, peu d’événements précis émergent de la mémoire collective concernant la vaste période des guerres de religion, que les historiens ont d’ailleurs renoncé à découper précisément. C’est donc avec une certaine reconnaissance que nous voyons un grand musée consacrer une exposition au sujet… enfin.

 

Le groupe et l’individu

 

La première partie commence logiquement par raconter l’émergence de la Réforme en France, de manière très succincte. Difficile, il est vrai, d’expliquer le fait religieux au XXIe siècle et de comprendre pourquoi (entre autres…) la différence d’interprétation entre la Cène et l’Eucharistie a provoqué autant de morts. La question de savoir où se situe la vérité théologique, véritable source d’angoisse individuelle et collective à l’époque, est délicate à faire comprendre aujourd’hui.

Le parcours se poursuit en dressant un rapide tableau de la France du XVIe : la seconde partie du siècle connaît des dégradations climatiques, des épidémies et surtout une instabilité politique due à la succession de rois trop jeunes pris entre les feux des luttes d’influence à la cour. Catherine de Médicis a le plus grand mal à imposer son autorité de régente pour Charles IX et subit dans un premier temps la puissance politique des Guise. La religion devient une affaire de clans : noblesse ultra-catholique autour des Guise et de la Ligue, noblesse protestante autour des Condé, des rois de Navarre et de nombreuses grandes familles.

 

La faiblesse du pouvoir

 

Un des aspects les plus intéressants de l’exposition concerne l’accent mis sur la guerre des images, libelles, pamphlets et placards qui recouvrent tout le territoire français. Il fallait convaincre que l’adversaire n’avait plus rien d’humain pour l’exterminer sans remords, d’où de nombreuses représentations de l’ennemi avec des têtes d’animaux, voire de monstres.

Le public découvre aussi dans une section spécifique le caractère international des guerres de religion : en Europe avec l’Espagne aux Pays-Bas, l’Angleterre ou le Saint-Empire, mais aussi, ce qui est moins connu, avec les éphémères colonies protestantes fondées par Coligny au Brésil ou en Floride. Des cartes d’époque viennent illustrer ce chapitre.

Les armures du XVIe siècle sont bien sûr en bonne place, musée de l’Armée oblige, dont une étonnante armure d’enfant, qui servait pour la parade. Richement décorées, elles appartiennent déjà à un passé révolu, du fait des progrès de l’artillerie, alors en plein développement.

Il est aussi rappelé la fragilité du pouvoir royal, avec une mort violente accidentelle (Henri II) et deux régicides (Henri III et Henri IV). Mais pourquoi le parcours se termine-t-il en 1610 avec l’assassinat d’Henri IV et non en 1629, avec la paix d’Alès qui met fin aux places de sûreté ? Le terrible siège de La Rochelle de 1628 aurait bien mérité une petite place.

Il reste émouvant de contempler l’édit de Nantes « perpétuel et irrévocable » de 1598, sorti des Archives nationales, qui a eu bien du mal à être enregistré dans les différents parlements. Quant à sa révocation, en 1685, il n’est pas dit qu’il entraînait à la fois l’obligation de se convertir au catholicisme (avec disparition d’une existence légale pour ceux qui s’y refusaient) et l’interdiction de quitter le pays.

 


La haine des clans, guerres de religion (1559-1610), jusqu’au 30 juillet au musée de l’Armée, hôtel des Invalides, 129 rue de Grenelle, Paris 7e. Tlj de 10h à 18h, le 7 juillet jusqu’à 22h.

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