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Par Élisabeth Renaud, rédactrice en chef du Protestant de l’Ouest
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Classé monument historique depuis 1840, ce château – royal donc – est situé en plein centre de la ville de Blois. Il forme un exemple unique de l’évolution de l’architecture française du XIIIe au XVIIe siècle et réunit autour d’une même cour quatre façades différentes, quatre monuments, quatre époques. Parmi les trente pièces somptueusement meublées, les appartements royaux plongent le visiteur dans le quotidien des rois et des reines.
Une résidence royale
En 1462, Louis d’Orléans, fils de Charles Ier d’Orléans, naît au château de Blois. Il sera couronné roi de France en 1498 sous le nom de Louis XII ; le château médiéval des comtes de Blois devient alors résidence royale et Louis en fait sa demeure principale, au détriment du château d’Amboise.
Privilégié par Louis XII comme résidence d’hiver, le château de Blois devient le théâtre de plusieurs rencontres diplomatiques dont les fiançailles de Marguerite d’Angoulême avec le duc Charles IV d’Alençon en 1509.
Claude de France, fille de Louis XII et d’Anne de Bretagne, épouse en 1514 son cousin François d’Angoulême, le futur roi François Ier, nous y voilà ! Ce dernier monte sur le trône en 1515. Claude de France, avec l’intention de quitter le château d’Amboise, meuble alors le château de Blois pour y installer la cour. Cette même année, François Ier lance la construction d’une nouvelle aile, de style Renaissance. La direction des travaux est donnée à l’architecte italien Dominique de Cortone à qui l’on doit l’escalier monumental. Mais après la mort de sa femme au château, en 1524, la construction s’arrête ; François Ier délaisse le château de Blois au profit de celui de Fontainebleau.
L’affaire des placards
La nuit du 17 au 18 octobre 1534, des placards (affiches) contre la messe sont distribués ou apposés en une nuit à Paris et d’autres villes de province dont Orléans, Amboise, où réside la cour, ainsi que sur la porte de la chambre du roi François 1er à Blois. Ces placards traitent les rites de la messe de sorcellerie et accusent le pape, les évêques, les prêtres et les moines de mensonge et de blasphème. Ces blasphèmes proviennent de Neuchâtel où un pasteur, Antoine Marcourt, les a fait imprimer. Ce pasteur fait partie d’un groupe de Français réfugiés en Suisse auprès de Guillaume Farel. L’affichage de ces placards provoque la fin de la politique de conciliation menée par le roi François 1er en faveur des luthériens.
Le château de Blois reste ensuite la résidence principale des successeurs de Henri II et en particulier de François II et Charles IX. En 1571, l’amiral de Coligny, partisan de la Réforme, y rentre grâce aux bonnes grâces de Charles IX et de la reine-mère. Il sera assassiné au cours de la Saint-Barthélemy.
Façade extérieure du château © Élisabeth Renaud |
Les États généraux de Blois
C’est également à Blois, en décembre 1576, qu’Henri III, fils d’Henri II et Catherine de Médicis, convoque les États généraux qui se tiennent dans la grande salle aujourd’hui appelée « salle des États ».
Philippe Duplessis-Mornay, juriste et théologien protestant, va publier sous un nom d’emprunt un texte politique, « La Remonstrance aux Estats de Blois pour la paix ». Ce texte novateur, qui défend la liberté de conscience et de culte, l’égalité des droits entre catholiques et réformés, sera présenté lors de ces États généraux de Blois. Le principal événement fut l’assassinat, sur ordre du roi, du duc de Guise. Farouche défenseur de la foi catholique, le duc de Guise participa au massacre de la Saint-Barthélemy en 1572. Les États généraux se clôturèrent le 16 janvier 1589 sur un échec. Pour en savoir plus 1.
La salle des États du château de Blois © pashrash-43 – NC
Les rois suivants
Le château est occupé ensuite par le successeur de Henri III, Henri IV. À la mort d’Henri IV en 1610, le château devient lieu d’exil pour sa veuve Marie de Médicis, et est habité par Richelieu, après un passage de Louis XIII et Anne d’Autriche en 1616.
Délaissé par Louis XIV, le château n’est alors plus habité. Au xviiie siècle, le roi cède les lieux à d’anciens serviteurs qui cloisonnent l’intérieur du château en plusieurs petits appartements. Vers 1720, la Régence songe un temps à y faire venir le parlement en exil. Ni Louis XV, ni Louis XVI ne le visitent. Louis XVI le considère comme « un château qui n’est bon à rien et tout au plus à vendre ».
Si vous avez bien compté, nous en sommes à sept rois. Concernant les reines, un roi et sa reine, cela fait sept reines mais, deux rois ayant eu deux épouses, on arrive à neuf reines et non dix. Vous en trouverez l’explication en bas de cet article.
Une suite chaotique
À travers un édit de février 1788, Louis XVI décide d’aliéner — par la vente ou la démolition — le château parmi plusieurs résidences royales ou bâtiments. Le château de Blois est ainsi mis en vente en 1788 mais, faute d’acquéreur, le régiment Royal-Comtois s’y installe.
Au moment de la Révolution, le château est à l’abandon depuis 130 ans et les révolutionnaires soucieux de faire disparaître tout vestige de la royauté le pillent en le vidant de ses meubles, statues et autres accessoires. La collégiale Saint-Sauveur située dans l’avant-cour est vendue à l’entrepreneur Guillon, qui la détruira entièrement. L’état du château dans son ensemble est tel que sa démolition est même envisagée, jusqu’à ce que Napoléon Ier décide de le céder à la ville de Blois le 10 août 1810. Néanmoins, par manque d’argent, le château est à nouveau utilisé comme caserne par l’armée. En 1834, la moitié sud de l’aile Charles d’Orléans est détruite pour y établir des cuisines militaires. La présence militaire au château n’empêche pas l’ouverture au public de l’aile François Ier sous la Restauration. Le château est ainsi visité par Victor Hugo, Honoré de Balzac, ou encore Alexandre Dumas.
En 1840, sous le règne de Louis-Philippe, le château est classé monument historique grâce à l’action de Prosper Mérimée qui obtient la remise en état du bâtiment. C’est en 1850 que Pierre-Stanislas Maigreau-Blau, maire de Blois, fonde le musée des Beaux-Arts, qu’il installe dans l’aile François Ier. Le château est aujourd’hui la propriété de la ville de Blois.
Une exposition sur les femmes de la Renaissance
Et si vous décidez de visiter ce château avant le 10 juillet, ne ratez pas l’exposition La renaissance des femmes. Organisée autour de Catherine de Médicis, Diane de Poitiers et Marguerite de Valois, trois figures emblématiques qui ont façonné le destin du château royal de Blois, l’exposition a pour ambition de réhabiliter l’histoire des femmes pendant la Renaissance. De la régence au rôle de favorite en passant par les femmes savantes, trente-quatre femmes, régentes, reines, princesses, dames de la cour, artistes, écrivaines sont mises à l’honneur. Pour en savoir plus 2.
1 La réconciliation de Philippe Duplessis-Mornay, « La Remonstrance aux Estats de Blois pour la paix » (1576), Sylvie Le Clech, Éd. Universitaires de Dijon, 2019, 126 p., 10 €. Lire la recension parue sur ce site.
2 Femmes de la Renaissance, Sylvie Le Clech, Tallandier, 2021, 312 p., 20,80 €. Lire la recension parue sur ce site.
Sept rois et dix reines – Louis XII et sa première épouse Jeanne de France, venue à Blois sans y résider pour autant, à l’inverse de la deuxième, Anne de Bretagne (morte à Blois le 9 janvier 1514). La troisième, Marie d’Angleterre n’a pas séjourné à Blois car le mariage n’a pas duré assez longtemps, Louis XII mourant trois mois après.
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→ Adresse : 6 place du Château, 41000 Blois.
→ Horaires : ouvert toute l’année sauf les 1er janvier et 25 décembre. Du 2 janvier au 31 mars : 10h-17h, du 1er avril au 30 juin : 9h-18h30, du 1er juillet au 31 août : 9h-19h, du 1er septembre au 6 novembre : 9h-18h30, du 7 novembre au 31 décembre : 10h-17h. Dernier accès ½ heure avant la fermeture du château.
→ Exposition : La renaissance des femmes, jusqu’au 10 juillet, horaires du 1er juillet au 10 juillet, 9h-19h, tarif sans supplément sur le droit d’entrée au château. Visites guidées : jusqu’au 10 juillet tous les dimanches à 16h30 (durée : 1h30). Réservation : 02.54.90.33.33. Tarifs : en supplément du droit d’entrée : +6 €/adulte + 3 €/6-17 ans. Visite guidée recommandée à partir de 12 ans.
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