Les goûts et les couleurs

Aimez-vous la musique ? Les chansons ? Je les tiens pour indispensables ! C'est peut-être un lieu commun de dire cela, car n'en est-il pas de même de la poésie, de l'art en général, et de bien d'autres choses qualifiées par certains d'inutiles ? Indispensable inutilité qui nous réunit en humanité !

Le film qui m’a plu

Par Roseline Cayla

Les goûts et les couleurs est un film émouvant avec des personnages auxquels on s’attache. Le scénario est de Michel Leclerc (aussi auteur des chansons) et Baya Kasmi, sa compagne. C’est un film autour de la chanson : comment elle naît, comment elle évolue, et comment l’argent peut décider de sa survie, ou non. Certains, au mépris du sens qu’elle transporte et de son auteur, n’hésitent pas à la « tripatouiller » jusqu’à la détruire… par exemple pour vendre des strings ! Quand le film commence, nous sommes chez Daredjane, chanteuse rock dépassée. Plus tard des vidéos nous montrent les styles qu’elle a endossés au fil du temps pour rester dans la course, (Judith Shemla !) On la voit allongée piteusement sous l’évier à la recherche de sa barrette de shit. L’alcool est sa seule compagnie. On pense à des chanteuses connues, mais à des chanteurs aussi, victimes plus ou moins consentantes du cynique show-biz. Tout le monde l’a oubliée croit-elle. Non ! Marcia, (Rebecca Marder, inoubliable « jeune fille qui va bien », si vous avez vu le film de Sandrine Kimberlain), Marcia donc, connaît tout le répertoire de Daredjane. Jeune chanteuse, autrice compositrice, dont le 1er album a été un succès, elle a réussi à persuader son idole de chanter à nouveau. Elles vont faire un album ensemble… Me lancer dans l’inconnu… Et leurs voix bien accordées m’enchantent.

Mais Daredjane disparaît un soir. Son héritier, son petit neveu Anthony, beau gosse, (Félix Moati) placier au marché de Bures-sur-Yvette, se contrefiche de l’œuvre de sa grand-tante. Seul l’argent l’intéresse. Il ne plaît pas du tout à Marcia qui veut avant tout préserver l’œuvre de Daredjane, la transmettre, continuer à la faire vivre. Ils s’opposent violemment… Anthony va pourtant évoluer (enfin… peut-être pas sur tous les points !) Une découverte y contribuera. Marcia de son côté remettra en question les façons d’agir de ses amis, artistes parisiens, qui, ne voyant que leur monde, se moquent du banlieusard inculte Anthony.

 

Bref, les codes de la comédie sentimentale sont là. Pourtant cette romance est bien ancrée dans la réalité. La réalité, ce sont les classes sociales, qui s’ignorent entre elles. Les différences culturelles et les préjugés empêchent la communication, mettant des œillères à chacun. On n’aime pas les mêmes choses suivant le milieu dans lequel on est né. Mais le réalisateur est confiant, nous sommes éducables… à moins que ce ne soit l’amour qui rende la vue aux aveugles et ouvre les oreilles des sourds ! Et c’est pourquoi j’aime ce film.

 

Les goûts et les couleurs, comédie, 1h50, de Michel Leclerc, par Michel Leclerc et Bava Kasmi, avec Rebecca Marder, Félex Moati et Judith Chemla

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