Des musiques à écouter en octobre

Sonates parisiennes à l’orée du xxe siècle, et De Baschung à Bashung, 1966-1975.
MUSIQUE CLASSIQUE

Sonates parisiennes à l’orée du XXe siècle 

Grovlez-Fauré-Gedalge-D’Ambrosio-Ravel-Enesco, Jean-Jacques Kantorow (violon), Haruko Ueda (piano) – Soupir éditions S250 -2022.

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Après le désastre de 1870, les musiciens français veulent redonner profondeur et expressivité à leur art, qui, au XIXe siècle, s’était un peu perdu dans la frivolité de la musique de salon et du grand opéra.

Tout en se démarquant de la musique germanique, les compositeurs de cette génération vont créer une musique instrumentale typiquement française. Ce coffret de deux CD nous fait découvrir quelques chefs-d’œuvre de la littérature pour piano et violon autour de cette grande figure qu’est Fauré.

Raffinement de l’écriture, fluidité mélodique s’opposant parfois à une rythmique bien tranchée, harmonies chatoyantes, grands élans lyriques, se retrouvent avec génie dans toutes ces sonates pour piano et violon.

Jean-Jacques Kantorow et Haruko Ueda traduisent à merveille cet esprit de la musique française par leur jeu souple et expressif, la profusion des couleurs sonores, la subtilité du discours et des échanges et un élan rythmique plein de vitalité.

 

De la musique profane, mais qui, du fond de l’âme humaine, va toucher les voûtes célestes.

 

MUSIQUE ACTUELLE

 

De Baschung à Bashung, 1966-1975

d’Alain Bashung.

 

D’un jeune Alsacien fou de rock’n’roll arrivant quelques années après la génération des commencements candides, quelques pochettes de 45-tours ont conservé le nom dans son orthographe originale, avant qu’il ne devienne un maître pour plusieurs générations sous le nom d’Alain Bashung.

Ce double-CD ne fait pas seulement l’inventaire de ce que fut Baschung avant Bashung, il plonge dans une histoire culturelle qu’on a presque eu plaisir à effacer : la fascination ambiguë pour une Amérique autant adorée qu’honnie, les difficultés à « porter » la voix en français en disant l’amour sans sonner trop sucré, le besoin de chanter sa langue et le plaisir de reprendre des vieux rock’n’roll en anglais (un album introuvable avec Dick Rivers !)…

 

Une savoureuse exploration dans laquelle on ne cesse de voir en surimpression le Bashung éternel, anti-yéyé paradoxal qui annonce la révolution.

 

Bertrand Dicale

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