Par Roseline Cayla, Église protestante unie d’Angers-Cholet
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La fiancée du poète est un film de Yolande Moreau, avec Yolande Moreau dans le rôle de la dite fiancée. Ce titre, dans mon esprit, en évoque un autre, La fiancée du pirate, film dans lequel la regrettée Bernadette Lafont jouait une magnifique rebelle qui n’avait cure du qu’en-dira-t-on.
Des personnages à côté de la norme…
Yolande Moreau est une actrice que j’apprécie. Elle joue de façon très émouvante des personnages souvent un peu à côté de la norme (mais qu’est-ce que la norme ?) des personnages qui voudraient vivre correctement leur vie… mais n’y arrivent pas et finalement cela leur est égal, ou des personnages qui n’ont pas conscience de leur valeur humaine. Je pense par exemple au film Séraphine qui raconte l’histoire d’une femme de ménage, au début du XXe siècle, devenue artiste peintre. Mais j’ai apprécié cette actrice et réalisatrice dans bien d’autres films !
Cette fois Yolande Moreau interprète une femme qui a vécu. On apprendra qu’elle a fait quelques années de prison pour trafic de drogue. Elle estime n’être plus bonne à grand-chose, Mireille Stockaert ! Elle revient dans son village s’installer dans la vieille demeure de ses parents, aujourd’hui inhabitée.
Nous apprenons que sa sœur veut se débarrasser de cette maison qui menace ruine. La première personne que Mireille rencontre en cheminant vers sa maison est le vieux curé de son enfance, William Sheller, personnage atypique avec deux petits chiens blancs qui le promènent plus qu’il ne les promène.
Et désargentés
Le vieux curé lui rappelle très gentiment que Jésus lui a pardonné, et qu’il est là pour les personnes qui veulent repartir à zéro… Elle est employée à la cantine d’une école d’art et se livre à un petit trafic de cigarettes… Elle décide de louer des chambres pour avoir quelque argent. Mme Stockaert va alors se trouver entourée de personnages eux aussi désargentés et hors normes ! « J’ai fantaisie de mettre dans ma vie un p’tit grain de fantaisie youpi ! » chantait Bobby Lapointe qui interrompait par ce refrain faussement joyeux l’air de tango qui évoquait la lamentable vie d’une ouvrière d’usine trompée par son rêve de bonheur. J’aime imaginer que ce chanteur aurait pu interpréter l’un de ces personnages : un honnête étudiant copiste à qui on suggère de devenir faussaire… un Bernard qui est aussi Bernadette… un cowboy qui est turc…
Qui ne ment pas dans cette histoire ! Qui n’a pas un jardin secret, même le brave curé ! Mais le hasard n’a pas dit son dernier mot et je ne vais pas révéler le sens du titre de ce film La fiancée du poète.
Un film drôle, plein d’humanité, avec des situations inattendues, des personnages avec lesquels nous nous nous sentons en empathie quels qu’ils soient !