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Par Stéphane Griffiths, Le Protestant de l’Ouest
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C’est un milieu que nous, provinciaux de la province profonde, ne connaissons pas. Pourtant c’est tout à fait notre génération qui défile, de l’après guerre à aujourd’hui. Monde très parisien d’intellectuels libérés et prêt à toutes les expériences.
Sous le mode documentaire, Mona Achache, l’auteur du film, essaye à travers des photos, des textes et des enregistrements audio de comprendre cette mère, Carole, photographe et romancière, qu’elle a profondément aimée et qui s’est suicidée à 63 ans. Elle-même avait écrit un livre sur sa propre mère, Monique Lange, pilier des éditions Gallimard, et la petite fille en fait un film.
On apprend que sa mère, que fait revivre avec brio et sensibilité Marion Cotillard, magnifique dans ce travail d’actrice où elle double la voix-même de l’héroïne, est passée par tous les excès : sexe, prostitution, drogue, après avoir elle-même été abusée enfant par un ami de sa mère. Dans la première scène, Marion Cotillard revêt les habits et les effets de Carole et restera dans cette tenue jusqu’à la fin. Les décors sont étonnants, un appartement dont les murs sont couverts de photos et d’où pendent des plafonds les pages de son journal.
Un film sur la filiation, grand-mère, mère, fille, dont les destins s’emboitent pour nous expliquer l’évolution sur trois générations de la place de la femme dans notre société.
Et la chanson de Janis Joplin pendant le générique de fin nous fait encore mieux revivre cette époque dans laquelle certains de nous avons grandi.