Par Raphaël Warnery, Paroles protestantes Paris
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Confier une horde d’enfants pendant quinze ou vingt jours à des jeunes de 20 ans pourrait passer pour une anomalie en termes de sécurité. À peine sortis de l’adolescence, les responsables reçoivent cependant une formation solide, dispensée à l’intérieur du mouvement scout avec la bénédiction du ministère de la Jeunesse et des Sports, selon deux niveaux : le BAFA (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur) et la direction de camp menant au BAFD (directeur).
Un projet éducatif qui a fait ses preuves
Qu’est-ce qui peut donc attirer les futurs animateurs dans ces formations d’une semaine ? Si l’on exclut le fait qu’elles ont lieu comme beaucoup d’autres durant les périodes de vacances scolaires, le point d’attrait réside dans la MSU, la méthode scoute unioniste. Le projet éducatif vise à favoriser le développement d’enfants et de jeunes « épanouis et libres de leur choix, engagés et responsables, ouverts et solidaires ». Pour atteindre cet objectif, le projet éducatif s’appuie sur la vie en équipe, le jeu, l’engagement sur des valeurs, la vie spirituelle et la progression personnelle, sans oublier la tenue. Jusque-là, la différence avec les autres formes de scoutisme n’est que nuancée.
Une méthode particulière
La MSU a ceci de particulier qu’elle met en cohérence et coordonne l’ensemble des outils pédagogiques à travers la réalisation d’un projet d’activités local, dans chaque meute ou unité. Pour cela, elle s’appuie sur une éducation des uns par les autres et offre ainsi à chaque individu, de l’enfance à l’âge adulte, l’occasion de se découvrir et de se construire dans les quatre dimensions qui constituent l’être humain : le corps, le psychisme ou la personnalité, la relation aux autres et au concret, la spiritualité.
Le lien entre toutes ces caractéristiques forme un tout, qui va être révélé par l’action, le jeu et la réflexion dans le cadre d’une vie de groupe. L’ensemble est animé par des jeunes avec le soutien des parents. Dans la suite de son fondateur, Baden Powell, les méthodes ont donc évolué pour devenir globales et sont aujourd’hui axées sur des formes d’apprentissage plus collaboratives, avec la nécessité de connaître son monde et ses évolutions afin de s’adapter dans la forme en prolongeant le fond.
Une responsabilité qui s’apprend
Lors des camps de formation qui regroupent toutes les régions françaises, cette méthode est dispensée et expliquée car elle constitue la signature du scoutisme protestant. Et même si le mouvement scout a prévu de la faire évoluer dans un proche avenir pour mieux relier les différents aspects, dont la spiritualité, les fondements de la MSU paraissent stables. L’intérêt et la proximité avec ce que l’on connaît par ailleurs dans l’EPUdF tiennent dans la gestion de l’autorité.
La collégialité du système presbytérien-synodal se retrouve dans l’animation et la prise de décision des responsables scouts, avec une attention toute particulière portée à l’apprentissage de l’autorité. Dès les premiers jours de formation, se pose la question de légitimité des responsables d’unité vis-à-vis des enfants et des parents. L’enjeu est de comprendre le sens d’être « au service de », de sa signification concrète pour les autres comme pour soi-même.
Le responsable accompagne l’enfant dans son développement sans s’oublier dans son individualité. Avec des manières de faire et des personnalités très différentes, ces jeunes souvent à peine majeurs vont confronter leurs prérequis aux pratiques des autres, nuancer leur jugement et leurs propos, réfléchir au pourquoi de leurs décisions ; un apprentissage pour la vie, qui fonde la compétence et ancre une spiritualité. Ici vit, avec le souci de se réformer en permanence, l’expression d’une pensée protestante qui se veut concrète et adaptée à son temps, diversifiée dans l’unité d’un esprit commun.