Daaaaaali !
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Un film de Quentin Dupieux, avec Anaïs Demoustier, Gilles Lellouche, Édouard Baer, Jonathan Cohen, 1h18, comédie, drame.
Le film qui m’a plu
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Par Roseline Cayla, Église protestante unie d’Angers-Cholet
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Ceux qui connaissent le cinéma excentrique de ce réalisateur sauront qu’on ne pouvait trouver mieux pour évoquer le personnage excessif, égocentrique, du peintre Salvador Dali et son univers surréaliste ! Ce dernier adjectif peut qualifier le paysage par lequel ce film commence : en plein désert, un arbre surmonte un piano à queue, d’où coule un jet d’eau intarissable (on entend le bruit de l’eau !) dans un petit bassin qui ne se remplit pas ! La technique cinématographique fait des merveilles aujourd’hui. C’est un hommage au petit tableau (22 cm x 27 cm) de Salvador Dali, Fontaine nécrophilique coulant d’un piano à queue, daté de 1933. Le tableau a été montré à Paris, au Centre Georges Pompidou, Musée National d’Art Moderne, lors d’une rétrospective des œuvres du peintre, 1920-1980.
Un univers surréaliste
Tout au long du film, nous nous promenons dans l’univers surréaliste de ses tableaux, qui ne sont pas montrés, mais qui deviennent le décor, accompagnés de gags, au fur et à mesure des tentatives ratées d’une jeune journaliste (Anaïs Demoustier) qui veut interviewer le maître… Elle l’attend avec anxiété, connaissant le personnage qu’il s’est créé et qui ne peut être qu’au centre du monde. Elle se fatigue de l’attendre et s’étend pour se reposer sur un immense lit. Et voilà qu’apparaît une petite chèvre blanche qui se met à brouter le bouquet de fleurs posé sur la table de salon ! Le spectateur ne sait plus s’il est dans le rêve de la jeune femme ou dans la réalité de cette scène improbable, d’autant que le personnage attendu va enfin apparaître au bout d’un immense couloir qui semble ne jamais finir à mesure que le personnage avance. Le temps semble s’être arrêté.
Un hôtel pas assez bien
D’autres boucles temporelles nous surprendront et nous mettront en joie ! Dali est joué par cinq acteurs (Édouard Baer, Jonathan Cohen, Didier Flamand, Gilles Lelouche et Pio Marmaï) tous plus Daaaaaali les uns que les autres ! Le mégalomaniaque ne répondra aux questions que si on le filme avec une caméra « gi-gan-tes-que », à la hauteur de la grandeur qu’il s’attribue… L’hôtel de grand luxe où il est attendu n’est pas assez bien pour lui. On a oublié de prévoir une « grosse » quantité d’eau minérale effervescente, c’est inadmissible… Et tout est à l’avenant. Le personnage peut apparaître parfois antipathique lorsque son attitude confine au cynisme, mais ne se moque-t-il pas ainsi (ou plutôt le réalisateur à travers lui) de l’idolâtrie dont certains artistes sont l’objet ? Aux artistes on passait tout jusqu’à récemment, semble dire Quentin Dupieux (voir la scène avec la maquilleuse où l’absurde côtoie la muflerie !).
Au-delà de tout cela, le personnage n’en est pas moins pathétique par son obsession de l’argent (André Breton l’avait surnommé par un anagramme, Avida Dollars !) et de la mort : à deux reprises dans le film, le personnage a une hallucination, un Dali vieux, épave quasi méconnaissable, comme pour lui rappeler que la comédie sera bientôt finie.
Un film qui m’a pourtant fait rire et sourire !