La salle des profs

Un film d’Ilter Çatak, avec Leonie Benesch, Michael Klammer, Rafael Stachowiak. Titre original Das Lehrerzimmer, en version originale sous-titrée. 1h39, drame.

Le film qui m’a plu

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Par Roseline Cayla, Église protestante unie d’Angers-Cholet

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Encore un film sur l’école ou sur les professeurs, penserez-vous peut-être. Et pourtant ! Nous sommes en Allemagne, dans un collège. Il y a certes des élèves, des professeurs, un proviseur, des parents d’élèves, de tous niveaux sociaux et de toutes nationalités, mais le film n’aborde pas les problèmes de l’enseignement en tant que tel.

 

Un rituel

 

Carla Novak, (Léonie Benesh très convaincante dans son rôle), est née en Allemagne dans une famille d’origine polonaise. Jeune professeure de mathématiques, Elle est appréciée et mène sa classe avec compétence. Elle a instauré un petit rituel de discipline enfantin, qui semble bien accepté par ces sages élèves de 5e. Elle intervient également dans cet établissement en tant que professeure d’éducation physique et sportive. On la voit remplie d’enthousiasme sur le terrain lors d’un match entre élèves. Mais on sait depuis les premières images du film qu’il y a un problème dans ce collège. Une petite musique sommaire crée une atmosphère inquiétante, nous avons affaire à un « thriller ».

 

Des vols depuis quelque temps sont commis. Certains professeurs et la direction enquêtent, en utilisant des moyens qui peuvent rappeler une époque que l’on croyait révolue. Les élèves sont incités à dénoncer des camarades comme auteurs potentiels des vols. Il suffit, si l’on ne veut pas parler, d’acquiescer de la tête sur un nom lorsque le stylo de l’enquêteur se déplace sur les listes d’élèves. Puis ces adultes, sans explication, débarquent comme un commando dans le cours de la professeure, et après avoir demandé aux filles de sortir, enjoignent aux garçons de mettre leurs porte-monnaie sur la table. Les porte-monnaie sont fouillés. Dans l’un de ceux-ci, une petite somme, supérieure à ce qui est trouvé dans tous les autres, semble accuser Ali, de parents turcs. Convocation de ceux-ci, outrés. Cette somme lui avait été donnée pour qu’il achète un cadeau d’anniversaire à son cousin. « Mon fils ne ment pas. S’il a volé, je lui casse les jambes » dit le père.

 

Une affaire criminelle

 

Carla Novak n’approuve pas la façon de faire de l’administration et de ses collègues qui désignent un coupable sans preuve, un élève ainsi exposé à la vindicte de tous (racisme quand tu nous tiens…) Et pourquoi ne serait-ce pas un adulte le coupable ? Elle va de son côté, seule, (grave erreur !) essayer de piéger le voleur. Elle constate la disparition d’une somme d’argent dans son portefeuille, qu’elle a laissé dans sa poche de veste, à la salle des professeurs, face à son ordinateur allumé en position photo… ce qui l’amènera à soupçonner l’une de ses collègues. Elle ne veut pas la dénoncer et souhaite lui parler en privé. Mais la collègue joue les offensées. La vidéo qui la confond n’est pas une preuve, dit-elle, car l’on ne voit pas son visage… Puis elle s’empare de l’argument pour le retourner : de quel droit Clara Novak filme-t-elle ses collègues ? Ainsi, ce qui était un simple vol (comme il y en a hélas dans toutes les collectivités, et pas seulement les écoles …) devient quasi une affaire criminelle, où la naïve jeune femme, qui continue à avoir confiance dans le genre humain, devient l’accusée et finit par douter de ce qu’elle a vu. Oskar, le fils de la présumée coupable du vol, veut la rembourser avec son argent de poche. Celle-ci, bien sûr, refuse. Elle se trouve prise dans un mécanisme infernal. Oskar est un élève intelligent. Expert à manipuler le Rubik’s cube que le professeur de mathématiques lui a prêté, il excelle aussi dans une autre sorte de manipulation, et retourne la classe contre son professeur, qui pourtant n’a songé qu’à défendre les enfants.

 

Un journalisme à sensation

 

Un film qui tient en haleine d’un bout à l’autre, mais un peu inquiétant, quand on songe, par exemple, au journal du collège, fabriqué par des adolescents sûrs d’eux, et même arrogants pour certains, qui se disent défenseurs de la vérité mais… l’inventent, employant les pires méthodes d’un journalisme à sensation. Oskar refuse de quitter le collège dont il a été exclu pour dix jours. Assis sur la chaise dont il n’a pas voulu se lever il sortira quand même, emporté tranquillement avec celle-ci sur les épaules de deux policiers ! Comme un héros porté en triomphe, il nous défie du regard. Que signifie tout cela ? Comme Clara Novak, on est un peu égarés. Qu’est-ce qui est juste ? Où est le bien ? Où est le mal ? On peut en penser ce que l’on veut, mais ce film me semble la métaphore de ce qui se passe dans notre monde aujourd’hui.

 

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