Quand nous vient la confiance

Rencontrer l’autre, c’est laisser place à une relation possible. Construite ou immédiate, la confiance qui naît dans l’échange relève avant tout d’une intuition. Celle-ci est souvent méconnue, voire délibérément ignorée ; elle est cependant fille de l’expérience et de la spiritualité.

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Par la rédaction du magazine Paroles protestantes

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D’où vient-il qu’une personne paraisse particulièrement avenante ou que l’on ait envie de la fuir ? Le sourire peut bien sûr jouer un rôle, mais beaucoup de rencontres profondes se font en dehors de toute norme de beauté, de mode ou de proximité d’idées.

 

L’Église, une société humaine

 

Les Églises sont par excellence des lieux où se côtoient une importante variété de personnes, réunies uniquement par leur conviction, leur recherche ou leur croyance. En dehors de ce point commun, elles ne se seraient peut-être jamais croisées ou n’auraient pas remarqué la présence de ces frères et sœurs d’origine, d’idées et de milieux fort différents. Au sein même d’une paroisse, l’habitude fait qu’on ne parle pas à tout le monde de la même manière, des groupes se forment au gré des partages et des proximités. Au premier regard, la communauté apparaît comme un lieu social au même titre qu’un autre.

 

L’intuition guide la confiance

 

Pourtant, à l’occasion d’un partage biblique ou d’une action concrète, ceux qui ne se fréquentaient pas et évoluaient en parallèle peuvent être réunis dans un même projet. Une sorte d’apprivoisement s’opère alors, plus ou moins naturellement. La rapidité de cette première phase de la rencontre, celle qui fait surgir la confiance, dépend d’une capacité toute personnelle : l’intuition.

 

Si certains en sont apparemment dépourvus et se guideront dans la relation naissante à des indices objectifs tels que la fiabilité, le sérieux ou la capacité d’écouter, d’autres laissent tomber leurs défenses instantanément. Pour eux, il suffit de quelques secondes pour savoir s’ils peuvent ou non faire confiance. D’un point de vue logique, cette prise de risque peut paraître importante ; aux yeux de ceux qui accordent de l’importance à l’intuition, ce risque est quasiment nul.

 

Une origine inconnue

 

Car l’intuition est une dimension de l’être qui semble le relier à une présence extérieure, comme un avertisseur de vérité. Décrire cette particularité est extrêmement délicat pour chaque individu, car très personnel. Certains paroissiens évoquent la sensation d’une sorte d’ange gardien, d’autres n’y croient pas mais au détour d’une conversation parleront de la présence d’un conjoint décédé quelques années plus tôt, ou d’un parent. Les plus scientifiques examineront les possibilités du cerveau d’analyser des situations complexes en un instant grâce aux milliards de neurones, là où leur voisin se sentira guidé par la main de Dieu. Nul ne connaît réellement ni ne prouve l’intuition. En revanche, beaucoup lui reconnaissent une sûreté de jugement.

 

Comme une respiration spirituelle

 

Si accorder une place à l’intuition dans sa vie paraît donc être une question d’expérience, lui faire réellement confiance semble relever d’une forme de spiritualité. La certitude provoquée par l’intuition se rapproche en effet du mouvement naturel de la respiration : inspiration, expiration. Une information va être captée durant la rencontre et intégrée dans une dimension de soi-même mal connue ; de là une certitude intérieure va naître, qui irriguera la conversation dans le sens de la confiance.

 

Si le lieu de la naissance de l’intuition reste vague et mystérieux, ce mouvement de va-et-vient avec l’extérieur fait penser à une forme de respiration spirituelle, bien connue des personnes pratiquant l’écoute et des aumôneries. On est ici très proche de la description du souffle divin en certains passages de la Bible (Genèse 1, Ézéchiel 36, Actes 2…).

 

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