L’Olympisme, avec et sans les dieux

Les Jeux olympiques font partie des rares événements au rayonnement mondial. Leur organisation à Paris cet été a conduit plusieurs institutions à présenter des expositions sur ce thème un peu partout en France. Le Louvre ne pouvait pas passer à côté…

Ce cratère à figure rouge fait partie des œuvres dont se sont inspirés les artistes au XIXe siècle pour illustrer les épreuves des Jeux. Scène de lutte entre Héraclès et Antée, Athènes, vers 510 av. J.-C. © RMN-Grand Palais/musée du Louvre/S. Maréchalle

 

Par Anne-Marie Balenbois, Paroles protestante Paris

 

C’est à partir de 776 av. J.-C. que des concours sportifs sont organisés à Olympie en l’honneur de Zeus ; ils connaissent un grand succès dans le monde grec et ne seront abolis qu’en 393 après l’édit de Théodose, qui ordonne la fin des cultes païens. Les Jeux antiques étaient donc assimilés au culte des dieux, d’autant qu’Olympie était réputée pour son sanctuaire, très fréquenté même en dehors des Jeux. La statue chryséléphantine de Zeus (en or et ivoire) du temple faisait d’ailleurs partie des sept merveilles du monde.

 

Nourris de culture grecque, des intellectuels ont souhaité relancer cet héritage prestigieux à la fin du XIXe siècle. Cette histoire est présentée au musée du Louvre pour rappeler les idéaux qui présidaient à cette époque.

 

Culture et paix

 

Le contexte de tensions internationales à la fin du XIXe siècle, en Europe et ailleurs avec les rivalités coloniales, donne l’envie à l’historien et pédagogue Pierre de Coubertin de multiplier les initiatives en faveur de la paix. Un congrès franco-hellénique s’organise à la Sorbonne en 1894 et débouche sur un projet de renaissance des Jeux, qui pourraient se dérouler en Grèce même. La naissance d’un État grec indépendant, au prix de durs combats contre les Turcs, a soulevé l’enthousiasme de l’intelligentsia européenne.

 

À cela s’ajoute l’intérêt pour le développement du sport dans l’éducation en revenant aux sources de l’idéal antique. Le Louvre joue déjà un rôle à l’époque en permettant d’étudier les vases qui fournissent des modèles iconographiques. Derrière les politiques, il y a aussi des artistes et des historiens qui s’inspirent des sources pour créer des Jeux assez différents, finalement, des originaux.

 

Innovations et traditions

 

Lorsque les premiers Jeux olympiques modernes sont organisés à Athènes en 1896, certains codes sont repris mais pas tous. Une trêve entre les peuples est proclamée pendant la durée des Jeux, des sports comme le lancer du disque, la lutte, les courses à pied sont reconduits. L’épreuve de la course de quadriges disparaît mais le marathon fait une apparition remarquée, inspiré par le fameux parcours de Philippidès. Celui-ci est mort d’épuisement après avoir couru de Marathon à Athènes (un peu plus de 40 km) pour annoncer la victoire des armées grecques sur les Perses en 490 av. J.-C.

 

D’autres différences sont notables : à l’époque antique, seul le vainqueur était couronné, les autres ne comptaient pas. Les femmes non plus, qui n’avaient pas le droit de participer ni même d’assister aux épreuves, sauf les prêtresses.

 

Neutralité politique et religieuse

 

Enfin, la religion n’a plus de visibilité officielle, même si des aumôniers de toutes confessions sont à la disposition des athlètes qui le souhaiteraient. Les Jeux modernes tâchent de créer un environnement le plus neutre possible, politiquement et religieusement. Si chaque sportif défend fièrement les couleurs de son pays, le but reste de créer un espace de paix et de convivialité entre les athlètes, dans l’esprit des fondateurs.

 

Symboliquement, c’est à Olympie qu’a lieu l’allumage de la flamme tous les quatre ans et le français est resté la langue officielle pendant les Jeux, avec celle du pays hôte. Les épreuves sont aujourd’hui ouvertes à tous, hommes et femmes de toutes origines, couleur de peau ou religion. Il a fallu aussi que le Comité olympique évolue sur ces questions, ce que n’élude pas l’exposition dans la dernière salle.

 


L’Olympisme : une invention moderne, un héritage antique, jusqu’au 16 septembre, au musée du Louvre, Paris 1er. Tlj sauf mardi, de 9 h à 18 h, vendredi jusqu’à 21 h 45.

 

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