Un reportage d'Alwin le lutin
Par Alwin, envoyé spécial
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Lorsque j’arrive à Londres, les lumières de la ville illuminent la Tamise, le froid vif m’invite à presser le pas. Mes hôtes, Christina et James, m’ouvrent leur demeure et me conduisent dans la chaleur réconfortante de leur séjour. Le thé m’attend et je m’installe au coin du feu. Ils me racontent avec émotion le Noël anglais.
Une fête préparée longtemps à l’avance
« En Angleterre, Christmas est la plus grande fête de l’année, m’expliquent-ils dans un français irréprochable. Les 24, 25 et 26 décembre sont des jours fériés. Noël se prépare longtemps à l’avance. Dès le mois de septembre, on trouve des cartes qui seront envoyées début décembre à toute la famille, aux amis et connaissances. »
Ils font une pause ; Christina me sert une tasse de thé. « Chaque maison, chaque place de village a son sapin et ses décorations, reprend James. La tradition en fut apportée par le mari de la reine Victoria, qui était d’origine allemande. »
À travers la fenêtre, j’aperçois le fameux sapin de Trafalgar Square, immense et majestueux. Féérique !
« La veille de Noël ou Christmas Eve, toute la famille décore l’arbre et confectionne des “mince pies”, délicieuses tartelettes garnies de fruits secs », poursuit Christina en me tendant une coupelle remplie de tartelettes. Je jette alors un coup d’œil autour de moi et j’aperçois une guirlande de cartes. Voyant mon regard, James prend la parole à son tour : « Toutes les cartes reçues, parfois une cinquantaine, sont disposées sur le manteau de la cheminée ou accrochées comme chez nous. Le soir, les enfants posent une grande chaussette sous le sapin ou au bout de leurs lits. C’est là qu’ils découvriront leurs cadeaux le lendemain. » Poli, je n’interromps pas mon hôte, cette partie du récit, je la connais…
Les Anglais ne réveillonnent pas
« Les familles, en général, ne réveillonnent pas comme en France. Beaucoup d’Anglais se rendent le matin du 25 à la messe de Noël. Les chants, Christmas Carols, sont connus par tous, chrétiens ou non. Souvent, des groupes d’enfants vont de maison en maison les interpréter, en échange de friandises ou pour des œuvres caritatives. »
J’apprends ensuite que la dinde et le Christmas pudding sont les deux mets traditionnels de Noël. Les convives partagent également des papillotes (crackers) : chacun tire de son côté. Un pétard claque, pour le plus grand plaisir de tous, et un petit cadeau apparaît. Trop bien !
« Pour digérer, la famille regarde un film à la télévision et écoute le roi qui fait son traditionnel discours », précise James.
Arrive enfin le 26 décembre, le Boxing Day, jour des boîtes. C’était, autrefois, le jour où les domestiques avaient congé et pouvaient se rendre dans leurs familles en emportant les restes des repas dans des boîtes. « Aujourd’hui, c’est le jour tant attendu du début des soldes ! Comme partout dans le monde, Noël garde son sens religieux mais a aussi son caractère commercial… »
L’art de cuisiner le pudding
Christina me décrit ensuite comment elle confectionne le fameux pudding anglais.
« Il est vivement recommandé de laisser le Christmas pudding reposer après cuisson pendant au moins un mois ! insiste-t-elle. J’ai des amis qui commencent la préparation pendant l’été. »
En découvrant mon air étonné, elle ajoute aussitôt : « À Noël, leur pudding est délicieux. »
Le mélange
J’apprends qu’il doit être réalisé la veille du jour de cuisson.
James me fait noter les ingrédients. La liste est longue et en voyant ma frimousse dubitative, il me rassure aussitôt :
« Ne vous inquiétez pas, ce gâteau est très riche, mais on n’en mange qu’une quantité minime, digne de l’assiette d’un restaurant étoilé ! (Ouf !)
On peut aussi laisser galoper son imagination, ajouter des pruneaux, de la marmelade d’orange, remplacer la bière par du whisky… »
Christina poursuit : « Vous mettez les ingrédients dans un bol résistant à la chaleur et vous remuez jusqu’à obtention d’une pâte homogène. Traditionnellement tous les membres de la famille doivent remuer ce mélange en faisant un vœu. »
À l’intention des lecteurs, j’ajoute qu’aucune étude n’est disponible pour vérifier l’efficacité de ces vœux.
« Après avoir déposé deux ronds de papier sulfurisé sur le dessus du pudding pour protéger la pâte, le bol doit être recouvert de papier d’aluminium. La préparation doit reposer au moins 24 heures. »
La cuisson
À ce stade du récit, Christina me ressert une tasse de thé et m’offre un biscuit. Toutes ses explications me donnent faim, finalement.
« Le pudding va cuire au bain-marie pendant huit heures avec une eau qui doit rester frémissante et qui doit toujours arriver à la moitié du récipient ! Et le bain-marie doit se faire sur le feu et non pas au four, ce qui ne simplifie pas la tâche. On veillera à remettre régulièrement de l’eau bouillante dans la marmite. »
Alors là, je ne peux qu’admirer la patience et le flegme britanniques.
Repos complet jusqu’au 25 décembre
Imperturbables, mes hôtes poursuivent : « Si vous avez peur de ne pas avoir réussi et de vous retrouver sans dessert le jour de Noël, vous pouvez toujours, sans le dire à personne, prévoir une bûche du commerce ou un autre gâteau gardé au congélateur ! »
Le jour J
Christina m’explique ensuite que le Christmas pudding, après avoir encore passé trois heures au bain-marie pour être réchauffé, se déguste le plus souvent avec du brandy butter, sauce au beurre et au sucre, aromatisée au cognac.
James, le regard gourmand, se penche vers moi et me chuchote : « On peut aussi utiliser du “custard” – appelé “crème cossetarde” par les Canadiens – sorte de crème anglaise plus épaisse que celle servie en France et chaude. »
La toute dernière étape arrive enfin : « Le Christmas pudding sera décoré avec une petite branche de houx. Pour rester dans la pure tradition britannique, on garde une part, “la part du pauvre”, jusqu’au Noël suivant. »
Après avoir chaleureusement remercié Christina et James, je prends congé de mes sympathiques Anglais, emportant sur mon traîneau leur précieux témoignage. Noël n’est pas loin, un titanesque travail m’attend auprès du père Noël.
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Les ingrédients
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110 g de graisse végétale
50 g de farine pour gâteaux, tamisée
110 g de chapelure
1 cuillère à café rase de quatre-épices
¼ cuillère à café de muscade râpée
1 bonne pincée de cannelle
225 g de sucre brun
110 g de raisins de Smyrne
110 g de raisins secs
275 g de raisins de Corinthe
25 g de fruits confits en petits dés
25 g d’amandes effilées
1 pomme à cuire, coupée en morceaux
1 zeste d’orange (non traitée si possible)
1 zeste de citron (non traité si possible)
2 cuillères à soupe de rhum
75 ml de cognac
75 ml de bière brune
2 gros œufs