Vingt dieux !

Un film réalisé par Louise Courvoisier avec Clément Faveau, Maïwène Barthelemy. Produit par Agat Films - Ex nihilo - 2024 - 1h30

Le film qui m’a plu

………………….

Par Roseline Cayla, Église protestante unie d’Angers-Cholet

.

 

« Vingt dieux ! » Ce juron parfois entendu dans des conversations animées, est blasphématoire au plus haut point, puisqu’il invoque on ne sait quelles divinités, au lieu du Dieu unique, le bon Dieu, quoi ! Il paraît qu’en Bourgogne, on l’écrirait « vin Dieu » et que l’exclamation traduirait l’admiration… Mais ne serait-ce pas aussi bien « vain Dieu », qui montrerait l’effronterie de celui qui ne croit pas en Lui ! Quoi qu’il en soit, l’histoire racontée se déroule dans un village du Jura, et le juron est le titre du film d’une jeune réalisatrice, Louise Corvoisier, dont c’est le premier long métrage, au pays du Comté. On a l’accent du pays, les mots du pays et précisément, ce « vingt dieux » qui ponctue quelques phrases bien senties. L’ambiance est joyeusement païenne.

 

Une jeunesse désœuvrée

 

Et nous voilà plongés dans la ruralité avec ses durs travaux, mais surtout, ce que le film donne à voir, c’est d’abord une bande de grands ados un peu désoeuvrés,  qui échangent des vantardises pour montrer qu’ils sont des hommes. Les filles sont à conquérir ! Boire un coup et s’enivrer fait partie de l’apprentissage. La bagarre aussi, ceci découlant de cela. (Des Franc-comtois n’ont pas apprécié cette vision qui est donnée de la jeunesse rurale de chez eux, mais ils ne nous feront pas croire que l’on ne boit pas dans le Jura, puisqu’hélas, partout la jeunesse s’alcoolise de plus en plus tôt.) Les bagarres dans les bals de village sont de toujours et de partout. Quoi qu’il en soit, Totonne, fils d’agriculteur, est l’un de ces adolescents mal partis. Un soir de fête au village il espère voir la fille qui lui a donné rendez-vous, mais elle est attablée avec un autre. « Plus tard », lui dit-elle. « Plus tard » répète en se moquant le garçon qui est avec elle. Totonne n’apprécie pas . Plus tard une bagarre éclate et Totonne s’en prend plein la tête… Ce soir-là son père joue les animateurs sur la piste de danse. Lui aussi a peut-être un peu trop bu. Il a un malaise et tombe. Son fils l’aide à se relever. Le père lui dit de rester à la fête, et lui-même va rentrer au volant de sa voiture. Il n’arrivera jamais chez lui. On le retrouvera mort, la voiture encastrée dans un arbre.

Voilà Totonne promu au rang de chef de famille car il a une petite sœur de 9 ans dont il devra s’occuper. Il est d’ailleurs invraisemblable que les deux enfants restent seuls, mais le scenario le veut ainsi. Totonne ne connaît rien au travail de la ferme, là encore c’est un peu invraisemblable. Il vend le tracteur de son père et trouve du travail dans une laiterie du voisinage où on ne le ménage pas.

 

Apprentissage

 

Voilà Totonne promu au rang de chef de famille car il a une petite sœur de 9 ans dont il devra s’occuper. Il est d’ailleurs invraisemblable que les deux enfants restent seuls, mais le scenario le veut ainsi. Totonne ne connaît rien au travail de la ferme, là encore c’est un peu invraisemblable. Il vend le tracteur de son père et trouve du travail dans une laiterie du voisinage où on ne le ménage pas. Tout au long de cette histoire il apprend peu à peu , d’abord à nettoyer les cuves où se fait le fromage, il conduit le camion avec lequel s’effectue la collecte du lait (il ne sait pas brancher les tuyaux qui effectuent la collecte…) Il apprend (et nous avec lui) comment on fait le Comté… Il découvre qu’il y a des concours, qu’un jury goûte les tommes et que celle qui est primée rapporte une somme coquette à son producteur. Il décide donc avec deux copains de faire du fromage et de se présenter au concours, sans se douter de la difficulté… Pour cela il faut un lait d’une qualité particulière, les trois garçons ne trouvent rien de mieux que de le voler : deux s’y emploient pendant que Totonne essaie de séduire la jeune femme qui est chef d’exploitation et travaille avec ses frères. Les choses vont se compliquer et Totonne va prendre encore une raclée… Mais Totonne est devenu amoureux de celle qui devait être la victime du vol ! Elle lui apprendra à assister une vache qui met bas ( et d’autres choses encore, car c’est une femme libre qui sait ce qu’elle veut et n’hésite pas à le dire avec le plus grand naturel !!)

 

Totonne, déposant dans l’étable de sa belle, la tomme faite au lait volé, rentrera dans le droit  chemin… Tourné avec des acteurs non professionnels, ce film qui a un peu une allure de documentaire ne manque pas de fantaisie et d’humour, lesquels font passer ce qui aurait pu être lourd.

Contact