Paul TILLICH, « Le courage d’être »

1. Lire Tillich au fil des mois.

Par Émile GENOUVRIER, Église Protestante Unie de Touraine.

Connaissez-vous Paul Tillich ?

Vous avez au moins récemment entendu parler de lui en apprenant le décès de son grand spécialiste et traducteur : André Gounelle. Mais les protestants connaissent bien davantage Dietrich Bonhoeffer. Tillich et Bonhoeffer sont deux géants de la théologie de la première moitié du XXème siècle. Le second est célèbre hélas par le destin tragique qui fut le sien : celui d’un théologien pasteur opposé au nazisme, qui refusa de quitter son pays, fonda courageusement une Église de résistance et qui fut assassiné par le pouvoir en 1945.

 

Le premier, non moins opposé au fascisme hitlérien, fut privé de son poste universitaire à Francfort dès 1933 par les nazis désormais au pouvoir ; il fuit alors avec sa famille aux États-Unis où il put continuer de développer une œuvre théologique exceptionnelle par sa qualité et sa densité, jusque sa dernière conférence en 1965. C’est au hasard d’une petite publication en 20071 par celui qui était alors directeur de l’Institut Catholique de la Méditerranée, Jean-Marc AVELINE (mieux connu aujourd’hui puisqu’il est le cardinal français qui aurait pu être pape…) que j’ai rencontré Paul Tillich. Et que je n’ai plus cessé de le lire et de le relire. Le relire parce que ce n’est pas simple en première lecture ! Et parce que c’est d’une absolue richesse. Et puis lorsque Tillich est mort, celui qui l’a remplacé à la Divinity School de Chicago est Paul Ricœur, que j’ai tellement fréquenté aussi. Bref, Tillich m’emballe, moi qui ne suis ni théologien ni philosophe…

 

Alors cette année, j’ai repris en lecture son chef-d’œuvre : « Le courage d’être ». En le remâchant d’autant plus que cette année justement, il en faut du courage pour être à ce monde violent, brisé, en prise avec tellement de forces « démoniques », comme les dénomme notre auteur ! Cela dit, qu’est-ce donc que le courage pour Tillich ?  Page 126 de son livre, il en reprend la définition : « Le courage est l’affirmation de soi en dépit du fait du non-être. C’est l’acte du soi individuel qui assume l’angoisse du non-être en s’affirmant lui-même soit comme partie d’un tout englobant soit dans son ipséité individuelle ». Je vous avais prévenu, pas simple à première lecture… Et l’on peut se dire : « ce n’est pas pour moi ! » Eh bien moi je prétends que si… Et que ça vaut vraiment la peine de s’y coller…

 

Un matin d’avril, Jean-Luc CREMER, qui est mon voisin, est venu boire un café alors que je me nourrissais de la chose en lui disant : « Je relis Le courage d’être, c’est un livre-clé, qui inspire et a inspiré plein de gens, comme Marion MÜLLER-COLLARD ; mais c’est compact… » Et notre Président de me dire : « Pourquoi tu n’essaierais pas de le rendre accessible aux lecteurs du Protestant de l’Ouest : une dizaine de petits articles… Je suis preneur ! » Alors je vais essayer. Ne manquez pas de me faire savoir si ça peut le faire, comme il se dit aujourd’hui ! Comme le courage est directement lié à l’angoisse d’être au monde, c’est de cela que nous parlerons la fois prochaine…

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