Abonnement au PO
P2-Edito
Un vœu sous forme de prière Une nouvelle rubrique vous attend dans ce premier numéro de l’année. L’équipe de la rédaction, ayant rencontré pratiquement toutes les paroisses de notre région, vous propose désormais d’aller à votre rencontre autour d’un événement : exposition, conférence, anniversaire… Le Chez vous se transforme en On y était. Et pour ce premier On y était, vous aurez le plaisir de lire une nouvelle plume : Élisabeth Marchand qui est allée pour vous déguster la fête du Centre protestant de l’ouest en novembre. Élisabeth rejoint le comité de rédaction du Protestant de l’Ouest. Nous sommes heureux de l’accueillir parmi nous. Vous découvrirez également que dans ce numéro plusieurs articles mentionnent les attentats du 13 novembre. Un mois et demi après, ces tragiques événements sont toujours dans nos mémoires. En janvier 2015, les terroristes djihadistes avaient ciblé des groupes symboliques : des journalises, des juifs, des policiers. Cette fois, ils ont tiré au hasard sur des gens parce qu’ils étaient Français. Qu’importe le métier, la religion, la couleur de la peau, l’origine géographique ou sociale, les terroristes ont tiré pour tuer car tous à leurs yeux étaient coupables d’être Français. Mais ces derniers ont prouvé qu’ils n’ont pas peur et ils continuent à vivre ce que les terroristes récusent violemment. Alors, en cette nouvelle année, j’adresse un vœu sous forme de prière afin que la barbarie cesse dans le monde et que Dieu ouvre le cœur des hommes. Elisabeth RENAUD |
P6-7-On y était
Le vin, invité d’honneur de la fête du Centre protestant de l’ouest >>> Élisabeth Marchand
Dix jours après les attentats de Paris, la fête du Centre Protestant de l’Ouest (CPO) a célébré le vin à Lezay, tel un double acte de résistance à l’idéologie islamiste. Les spectateurs venus nombreux ont pu déguster une soirée en chansons et poésies, apprécier deux conférences et savourer un dîner festif. Un programme charpenté, tantôt capiteux, aux notes fruitées…
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Moment conviviale après les conférences |
Le bon vin rend l’homme meilleur. En citant Marc-Antoine Désaugiers, célèbre chansonnier du XVIIIe siècle, les artistes ont donné le ton de la fête. Le vin, source d’inspiration Le samedi, la scène du foyer rural de Lezay accueillait les Cabarets enivrants, création « viticole, musicale et théâtrale » de la Compagnie Bernadette Bousse. Tour à tour accordéoniste, pianiste ou guitariste, Arnaud Levêque, de sa voix charmeuse et suave, chante, récite, déclame son amour du vin et la joie que ce breuvage suscite. Malicieux et espiègle avec sa partenaire sur scène, Raphaëlle Lenglare, le compositeur-interprète fait rire et sourire. La salle murmure et chantonne sur des airs de Léo Ferré ou d’Anne Sylvestre. Les vers de Guillaume Apollinaire ou de Charles Baudelaire alternent avec les paroles d’auteurs moins connus mais tous issus d’un terroir viticole qui inspire généreusement les poètes et chansonniers du cru. La magie opère en ce lieu intimiste propice à des échanges complices entre salle et scène. D’ailleurs, les deux se confondent au rythme des chansons à textes qui se succèdent sur des compositions entraînantes ou plus langoureuses. La poésie des mots fleuris de cépages emporte les spectateurs dans un tour de France des grands noms du vin : du Layon au vin de Pamproux, du Médoc au pays d’Anjou. Les applaudissements nourris à l’issue du spectacle offrent aux artistes une belle reconnaissance de la prestation musicale. Une prestation qui, dix jours après les attentats de Paris devient un « acte militant » selon les propos de Josette Nambot, présidente du CPO. Ses mots d’accueil en début de soirée ont rendu hommage aux victimes et à tous ceux qui souffrent à Paris, mais aussi en Syrie, au Liban et dans tous les pays en guerre ou victimes du terrorisme. On retrouve bien dans cette affirmation l’esprit du CPO, hérité d’une histoire protestante traversée par des périodes de résistance à bien des menaces.
Le vin, élément central de la vie Au lendemain de cette soirée enivrante, c’est un public encore charmé par les effluves musicales qui a écouté attentivement les conférences explorant le thème du vin. Parole à Andrew Darby, érudit britannique, spécialisé dans la nourriture dans l’Antiquité et poitevin d’adoption depuis près de vingt ans. Sa conférence portant sur Le vin entre mythologie et histoire nous a offert une plongée dans les mythologies grecques et romaines sur les traces de Dyonisos. Ainsi a-t-on appris que ce dieu grec n’avait pas inventé le vin mais qu’il avait transmis la connaissance de l’art de faire du vin à partir des vignes sauvages, art qu’il avait lui-même découvert au cours de voyages en Asie centrale. C’est d’ailleurs dans ces régions du sud-Caucase que les spécialistes datent l’origine des premiers vins, environ 6000 ans avant Jésus-Christ. À partir de cette région, la viticulture s’est propagée vers l’est et le bassin de l’Euphrate (actuels Iran, Irak et même Afghanistan) et vers l’ouest par la Grèce, les Balkans, l’Italie puis la France… Le vin s’est progressivement imposé comme élément central de la vie sur le pourtour méditerranéen au deuxième siècle avant Jésus-Christ, comme l’illustrent de très nombreuses représentations iconographiques sur des poteries grecques présentées en photos par l’orateur. Évoquant la richesse – on prélevait des impôts sur le vin – autant qu’un bien de nécessité vitale à l’homme (!), le vin était associé à la musique, la philosophie et surtout, on lui conférait la vertu de renouveler l’esprit…
Le vin, intimement lié à l’eau À la même période, le vin tient donc une grande place dans les récits bibliques comme l’a rappelé Jean Alexandre, pasteur retraité et pilier du CPO, dans les propos introductifs de sa conférence sur Les noces de Cana. Ainsi, dès le livre de la Genèse, Noé une fois sorti de son arche, s’installa sur les pentes du Mont Ararat où il cultiva la vigne et produisit un vin dont il s’enivra ! Dans le nouveau testament, au début de l’évangile de Jean (chapitre 2.1-11) le récit des noces de Cana narre la transformation d’eau en vin par Jésus, invité à une noce dans cette ville. Cet épisode miraculeux intervient précisément trois jours après le baptême de Jésus par Jean le Baptiste. L’eau du baptême ayant permis symboliquement à Jésus de « mourir à ses péchés », la transformation d’eau en vin intervient trois jours plus tard comme un parallèle à sa résurrection. En effet, eau et vin sont tous deux des liquides qui nettoient dans le monde biblique, comme le vin utilisé par le Samaritain pour laver les plaies du blessé dans la parabole. Et le vin sombre est souvent lié à la royauté comme l’évoquent de nombreux récits bibliques dans lesquels le roi d’Israël, fils de Dieu, est décrit comme amateur de banquets fastueux où coulait le vin en abondance. À l’évidence, à la cour du roi d’Israël, on savait manifester sa joie et sa liesse. Et le vin y tenait bonne place… C’est donc une palette de saveurs tantôt moelleuses, tantôt gouleyantes que le CPO avait convoquée à sa fête, désaltérant les gosiers les plus secs. Une programmation dont la finesse et la volupté en bouche ont ravi les palais les plus exigeants !
Exergue L’eau et vin sont tous deux des liquides qui nettoient dans le monde biblique
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« Les Cabarets enivrants » de la Compagnie Bernadette Bousse
Andrew Dalby |