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De la liberté d’un chrétien*
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Son propos s’annonce comme un paradoxe : Un chrétien est libre seigneur de toutes choses et assujetti à personne – Un chrétien est un serf corvéable en toutes choses et soumis à tout le monde.
Sur le premier point, Luther résume l’épreuve qu’il a surmontée face à la Parole de Dieu : d’un côté les commandements n’ont pour but que d’amener l’homme à […] désespérer de lui-même ; de l’autre la foi justifiera surabondamment tous ceux qui la posséderont, […] comme le dit saint Paul, le juste ne vivra que par sa foi, Luther martelant à chaque pas : sans les œuvres. Par la foi en effet s’institue entre le Christ et l’âme misérable un échange joyeux […] un heureux ménage [où] le fiancé, riche, noble, juste, prend pour épouse la malheureuse et mauvaise prostituée qu’il associe à tous ses biens.
Mais, le deuxième point affirme : Bien qu’il soit complètement libre, le chrétien doit volontairement devenir esclave pour aider son prochain. Après la liberté acquise comme délivrance du désespoir, Luther exalte une liberté d’action, jaillie de la gratitude envers le Seigneur : Ainsi pour [Dieu] qui m’a ainsi comblé de ses dons surabondants, je veux faire en retour librement, joyeusement et gratuitement, tout ce qui lui est agréable.
On prête à Luther un rôle précurseur de la modernité, symbolisé en 1521 à Worms par sa résistance à tous les pouvoirs civils et religieux, au nom de la conscience appuyée sur la raison et les Écritures. Son opuscule de 1520 en fait, plus profondément encore, le héraut de la personne. Il l’appelle au contact direct avec le divin et à une réponse personnelle, hors de la médiation d’autorités humaines. Il fait de sa conscience le lieu où s’ouvre un chemin de liberté.
Jean-Louis Gasse
* Cet article fait partie du numéro spécial édité par Le Protestant de l’Ouest en 2017, à l’occasion des 500 ans de la Réforme.