Il ne se passe pas une semaine sans qu’on apprenne qu’un homme politique, quelqu’un du monde du spectacle ou de l’entreprise n’ait abusé d’une ou plusieurs femmes, que ce soit prescrit ou non. Dans la Bible aussi, des femmes ont été abusées et pour moi la pire des histoires est celle de Suzanne, au temps du prophète Daniel (Daniel 13, deutérocanonique).
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Suzanne est jeune et pure, si belle, évanescente,
Va le soir au jardin, avec ses trois servantes.
Son mari, Yoakim, riche et puissant notable,
Lui offre une belle vie, douce et bien agréable.
La maison est immense, le parc est plein de fleurs
Qui exhalent des parfums, des envies de bonheur.
Le rire des jeunes filles, et le cadre enchanteur
Attirent les jaloux, ceux qui portent malheur.
Lors de fortes chaleurs, elle va se baigner nue,
Quand deux vieux juges iniques, sortant d’une entrevue
Tentent d’apercevoir chacun du bord de l’eau,
La belle Suzanne au bain, à travers les roseaux.
Quand soudain, face à face, les voyeurs s’apostrophent :
Allons la voir ensemble, et regroupons nos forces
Les deux vieillards lubriques, enfin n’en pouvant plus,
Vont se jeter sur elle, lui fauchant sa vertu.
À ses cris, les servantes accourent pour délivrer
La belle échevelée, la robe déchirée.
Quant aux deux vieux vexés, ils s’en vont comploter
Pour cacher au mari leur méprisant méfait.
Rentrée à la maison, Yoakim et son père
Interpellent la fille, l’accusant d’adultère,
On aurait vu Suzanne et de jeunes éphèbes
Batifolant tout nus allongés sur la grève.
Les juges alors emmènent l’épouse au tribunal
Livrant à la vindicte une trop jolie femme.
Yoakim laisse faire, choqué, désemparé,
Suzanne s’y présente, sans atours et voilée.
Cherchant à profiter de sa grande beauté
Ils lui arrachent le voile, pour encore l’humilier.
La sentence tombe vite, elle sera lapidée,
Les vieux sages condamnant les jeunes dévergondés
Et Suzanne, toute en pleurs, crie fort son innocence
Elle se tourne vers Dieu qu’ils revoient la sentence :
« Tu sais bien que jamais j’ai péché contre Toi,
C’est parce que je suis belle qu’ils s’en prennent à moi ».
Alors survient Daniel, outré, ému aux larmes
Moi je suis innocent du sang de cette femme !
Il sent le faux procès et veut interroger
Les deux accusateurs, chacun de son côté.
Où les avez-vous vus ces jeunes dépravés ?
Sous quel arbre étaient-ils quand ils se sont donnés ?
Sous un arbre à pistaches dit le premier, formel
Sous le grand chêne dit l’autre, c’est vrai, je m’en rappelle !
Démasqués tous les deux par leur faux témoignage,
Les voilà condamnés, en dépit de leur âge.
Pour appliquer la Loi, ils seront mis à mort
Calomnie et mensonge ont bien scellé leur sort.
Notre belle Suzanne, enfin innocentée,
Garde les cicatrices dans son corps outragé.
Yoakim de sa femme a regagné le cœur.
Et elle rend grâce à Dieu, pour Daniel son sauveur,
Mis en vers par Stéphane Griffiths