Auprès des personnes malades

Ariane Massot est pasteure-aumônier au centre hospitalier universitaire de Poitiers. Elle nous livre ici ses réflexions sur son ministère.

L’objectif premier de l’aumônerie d’hôpital est d’apporter du soutien et du réconfort aux personnes hospitalisées. La maladie est une épreuve. Quelle que soit sa raison, l’hospitalisation représente une coupure dans la vie, et on ne rentre pas chez soi comme on en est parti. L’écoute d’un aumônier, ou d’une autre personne de confiance, peut aider à retrouver le fil de son existence et aller de l’avant.

Un travail d’équipe

Être écouté fait du bien à l’âme. Dans la relation écoutant-écouté, chacun se révèle d’une manière nouvelle. La rencontre avec les malades me stimule à travailler mes aptitudes à l’écoute et ce ministère devient donc aussi un chemin d’apprentissage pour moi.
La place des aumôniers est plus ou moins reconnue, et plus ou moins aisée, selon les établissements et même selon les services et les soignants. L’aumônier d’hôpital est à la fois agent public et ministre du culte, neutre et confessant. C’est un travail d’équilibre où discrétion et disponibilité sont les maîtres-mots. En écoutant les personnes, en accueillant leurs récits, leurs joies et leurs soucis, nous leur donnons l’occasion de se dire en tant qu’être humain, et pas juste en tant que porteur de symptômes.
La santé n’est pas juste une affaire de médecins et de ce que rembourse la Sécurité sociale. Tout l’environnement influe sur notre état de santé. La santé mentale, en particulier chez les personnes qui ont une pratique religieuse, peut être favorisée ou dégradée par ce qui se dit et ce qui se vit dans leur communauté. La santé mentale influe directement sur tout le corps, et même sur le corps social. La dépression, les addictions, le harcèlement, l’épuisement appelé « burn-out » sont des problèmes de santé publique que la médecine seule ne peut résoudre. Je suis convaincue que l’Église peut aider des hommes, des femmes et des enfants à garder ou à retrouver leur liberté intérieure, leur joie de vivre et leur santé. Ce ne sera ni par des leçons de morale, ni par une force de conviction.

L’art de trouver les mots justes

Comment le culte peut-il être source de réconciliation et soigner l’âme ? Dans les années 1990, il y a eu un grand débat dans notre Église autour de la manière de parler du péché et du pardon dans la liturgie. Des échanges très vifs ont eu lieu, et le Synode a fini par décider qu’il ne fallait pas trancher entre les deux options qui se faisaient face. Vingt-cinq ans plus tard, la question mérite d’être reprise à neuf. Les arguments se situaient à l’intersection de la théologie, de la psychologie et de l’éthique – un point commun avec ce qui relève de l’accompagnement pastoral. Je pense que l’annonce du pardon au culte peut être un grand moment pour la santé spirituelle, tandis que des paroles culpabilisantes rendent malades ceux qui sont déjà fragiles, et font fuir les autres.
Annoncer l’Évangile aujourd’hui, c’est l’art de trouver les mots justes pour que ceux qui peinent et qui souffrent retrouvent la liberté et la joie qui est leur part d’héritage depuis toujours. L’aumônerie d’hôpital est un lieu privilégié pour explorer les interactions entre l’expression de la foi et l’expérience de la maladie. J’espère que ce travail pourra non seulement aider les personnes visitées, mais aussi plus largement l’Église et la société.

Pasteure Ariane Massot

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