Noël au Mexique

Mariana vit depuis plus de dix ans en France. À Mexico, elle faisait partie de l’importante Église nationale presbytérienne. Elle raconte les traditions de son pays d’origine.

Une vraie attente

Mariana et son fils Esteban © SD

 

Par Mariana Doray
Propos recueillis par Séverine Daudé, magazine Échanges

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Au Mexique, Noël démarre très fort, avec un sapin très décoré ! La société reste fortement marquée par la tradition catholique. Le 12 décembre, il y a l’anniversaire de Notre-Dame de Guadalupe, la vierge Marie : une grande fête avec feux d’artifice… On dispose la crèche vers la mi-décembre. Et là, on a les posadas, neuf jours symbolisant la grossesse pendant lesquels on s’invite le soir : on se rappelle le parcours de Joseph et Marie pour trouver un toit, en pérégrinant dans la maison de chaque hôte, déguisés en rois mages, en bergers etc. On sonne à une porte, qui ne s’ouvre pas, plus tard à une autre… Le neuvième soir, la porte s’ouvre, la famille est accueillie !

 

La dimension religieuse

 

Noël, c’est l’entraide. Les Églises organisent des visites aux enfants dans les hôpitaux, on apporte des cadeaux et la parole de Dieu, on chante.
Bien sûr, on va tous au temple. En décembre, on y trouve plusieurs activités chaque dimanche : les enfants préparent un spectacle, la chorale du temple répète un concert, on met en scène la pastorela, sur la naissance de Jésus… Après chaque événement, les repas sont très fréquentés.
Le 24 au soir, fini le travail, tout est fermé. On se rend à l’église dans une tenue élégante. Après le culte, chacun allume une bougie, on éteint toutes les lumières, on chante « Douce nuit », puis on souffle sur la flamme et on part dîner. Et le repas de Noël est un véritable festival de mélanges !

 

Noël en France

 

En France, j’essaie de m’adapter – notre famille est biculturelle. Les posadas ont été supprimés et je cuisine moins ! Ici, la société est plus portée sur l’aspect commercial. Au Mexique, on n’hésite pas à faire venir d’autres personnes chez soi ; et le lendemain, on partage les plats avec la famille ou les voisins. On offre un seul cadeau, à une personne tirée au sort. Ici, il y a presque dix cadeaux par enfant ! Pourtant Noël, c’est se rappeler pourquoi Jésus est venu dans ce monde… c’est son anniversaire, pas le nôtre !

 

Posadas : procession publique à Oaxaca © Wikimedia Commons – Alejandro Linares Garcia

 


 

Spécialités mexicainesSur la table de fête

 

Le plat principal, c’est la dinde, garnie d’une viande de bœuf ou de porc, un peu sucrée, avec des raisins secs, des noix, du vin blanc. On la fait cuire longuement avec du jus d’orange. Elle peut être accompagnée d’une sauce aux champignons ou d’une sauce à base de chocolat pimenté, le mole. À côté, on a le bacalao, la morue, très salée, effilochée, avec une sauce tomate et des amandes. Ou encore le porc rôti avec une sauce aux pruneaux. En complément, on sert des pommes coupées en dés, mélangées avec de la crème fraîche, un peu de sucre, des raisins et des noix.
Sans oublier les ponche de frutos (sorte de vin chaud mais sans alcool, avec des fruits variés, du sucre de canne, de la cannelle…), les gâteaux faits maison, les buñuelos (genre de beignets) nappés de sirop d’orange.

 

La « piñata »

 

Pendant les festivités de l’Avent, les enfants cassent la piñata, un objet en forme d’étoile qu’on fabrique soi-même. En argile à l’origine, elle est décorée avec des papiers de couleur et des piques en carton. On y met des fruits, des cacahuètes, des bonbons. L’étoile, c’est celle qui a conduit les mages. La boule du milieu, c’est la terre. Les sept piques, ce sont les péchés capitaux. On casse la piñata en la frappant avec un bâton en bois, qui représente la force de Dieu, afin qu’elle déverse son contenu. Et normalement, on doit le faire en ayant les yeux bandés, ce qui évoque notre foi. Ainsi, avec la force divine et notre foi, nous arrivons à briser le péché et à recueillir les bienfaits de Dieu !

M. D.

La piñata, une vieille tradition © Wikipédia

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