Par Jean-Pierre Le Guillou, membre de la Coordination nationale évangélisation formation
Placé sous l’autorité du Conseil presbytéral, l’animateur responsable donne la priorité au vécu sur la forme liturgique. Le petit nombre de membres permet une proximité plus étroite que lorsque toute la communauté est rassemblée.
Offrir une certaine intimité
Les groupes de maison sont extrêmement variés dans leurs objectifs, leur recrutement, leur manière de vivre. On les confond souvent avec des groupes d’étude biblique, de prière, des groupes « Théovie »… Si toutes ces activités peuvent y trouver leur place, les objectifs fondamentaux d’un groupe de maison visent à pallier le manque de communication au sein des grandes communautés dans lesquelles des fidèles peuvent ressentir le poids d’une forme d’anonymat.
Les groupes de maison peuvent offrir l’intimité et la confiance propices à la liberté de parole, résoudre certains problèmes liés à la dissémination. Ils assurent une évangélisation interne en raccrochant les distanciés de l’Église et une évangélisation externe. Il peut être plus facile d’inviter dans le cadre d’une maison que dans celui d’un bâtiment religieux. Ils peuvent également commencer une œuvre en l’absence d’Église implantée.
Accueillir dans la différence et l’altérité
Les activités d’un groupe de maison sont souvent très similaires à ce qui se déroule ailleurs en Église (animations bibliques, temps de prière…). Mais l’effectif restreint (dix à douze personnes) lui donne un caractère plus participatif (partage, échanges, expression de compréhensions diverses, voire opposées).
Le groupe de maison n’échappe toutefois pas à l’hétérogénéité qui caractérise une communauté. Origines socio-culturelles, niveaux de vie, d’études, ancienneté dans la vie d’Église, différences d’âge… rendent les relations parfois délicates à gérer. On y rencontre souvent les mêmes clivages que dans tout groupe humain, les mêmes difficultés à écouter l’autre, à recevoir et à comprendre sa parole, surtout lorsqu’il s’agit de l’accueillir dans sa différence et son altérité.
Chaque groupe a son identité propre. Il peut être un lieu d’apprentissage de l’altérité, de l’écoute mutuelle, du respect de la diversité.
Libérer la parole
Pour libérer la parole, il faut identifier les résistances. Typiquement dans un groupe de maison, les résistances tournent autour de la nature de la relation personnelle à Dieu, de l’expression de la foi (réserve et pudeur excessive), de la capacité à parler en « je », et de la prière, notamment la prière spontanée.
La peur des dérives est justifiée. Affirmation abusive de soi, tentatives autoritaristes, manque de respect de la diversité sont de nature à blesser, voire détruire la vie d’un groupe, ou pire, entraîner dans des dérives sectaires. D’où l’importance de la formation et du suivi des animateurs responsables des groupes. Discernés par les Conseils presbytéraux, ils doivent exercer une vigilance (fondement biblique, respect mutuel, équilibre dans les prises de parole, luttes d’influence…).
Le groupe de maison est une formidable école de la parole et de l’accueil de l’autre. Écoute, partage, prière (individuelle, partagée ou silencieuse), le groupe de maison ouvre un espace d’entraînement pour parler de sa foi en « je ».