Entretien avec Catherine Veillet-Michelet, membre du jury
Chanter exprime ce que l’on ressent. Cela permet d’exprimer la foi ou de donner écho à une prière par un répons liturgique. Le chant choral a cimenté la prière de générations de croyants.
Chanter le Nouveau Testament
Oh que c’est chose belle ou Comme un cerf altéré brame résonnent dans les assemblées et font partie de la conscience biblique du protestantisme. Beaucoup de cantiques composés ces dernières années ont par ailleurs pour origine un message théologique ou de louange. La tradition biblique protestante manquait cependant de chants du Nouveau Testament. Ce constat sans doute à l’origine du concours de cantiques posait une question : quelle a été la force de ces psaumes pour franchir les siècles ?
Bien sûr on pense à la qualité musicale, le rythme et la force des paroles. Mais pour Catherine Veillet-Michelet, « une jolie mélodie sur de belles paroles ne fait pas un cantique. Plus le jury travaillait à la sélection des œuvres, plus la réflexion spirituelle s’intensifiait jusqu’à analyser en profondeur pourquoi on se sent bien en chantant un cantique plus qu’un autre ».
Un chant d’assemblée
La première approche a été de retenir les mélodies qui correspondaient au cahier des charges du concours. Les envolées particulièrement aiguës ou graves ont été écartées, tout comme les styles trop répétitifs ou les passages virtuoses pour laisser la priorité au chant d’assemblée.
Le jury composé de musiciens professionnels et de paroissiens habitués aux chorales s’est alors retrouvé devant la nécessité de vivre les pièces musicales pour les ressentir. L’organiste Kurt Lueders a donc proposé d’accompagner le jury constitué pour l’occasion en ensemble vocal.
« On s’est alors aperçu », se souvient Catherine, « qu’une œuvre pouvait être chantée avec plaisir chacun isolément dans son salon, mais quand on la vivait ensemble cela créait des couacs toujours aux mêmes endroits, en particulier quand syllabes ou rythme devenaient complexes ». Or un chant doit pouvoir traduire l’expression naturelle d’une communauté, renforcer son unité et laisser passer l’Esprit à travers l’harmonie de la voix.
Différents styles, un même esprit
Prologue de Jean, Hymne à l’amour de l’épître aux Corinthiens, l’un des buts de ce concours était aussi d’ancrer dans la conscience collective des textes fondateurs du christianisme. Se posait donc un enjeu de traduction et de soutien des mots par la musique. Malgré un jury très varié dans ses individualités musicales et de styles, « j’ai été surprise de la facilité des échanges et de la force de nos points communs, comme s’il y avait une forme de spiritualité protestante sous les théologies ou les habitudes harmoniques », témoigne Catherine. « Finalement, tout le monde était là pour la gloire de Dieu et le service, alors les discussions techniques ou de fond trouvaient toujours une issue ». Par exemple, faut-il exécuter telle partition en « 6/8 » ou en « 3/4 » ? Pour le chanteur du dimanche, c’est un débat abscons, mais l’impression générale varie en fonction des options choisies et certaines mélodies longues essoufflant le choriste peuvent retrouver du rythme à l’interprétation. La respiration aussi est une forme de prière.
Cet esprit commun semble se transmettre et se vivre dans l’Église. Par exemple, l’un des lauréats sélectionnés par le jury a reçu le prix du public ; le processus étant anonyme, personne ne savait qu’il était pasteur. Et deux lauréats ont une vingtaine d’années seulement. Un mouvement créatif est peut-être lancé, qui pourrait demander une seconde édition de cette occasion de rassemblement vécu comme très fraternel.
NDLR : Dans la région Ouest, Stéphane Griffiths, de l’Église protestante unie de Poitiers, a participé au concours.
Les récompenses attribuées par le jury ont été décernées à :
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