Terre d’espérance, un festival de diversité – Volet 2

Le 4 mai dernier, l’Église protestante unie de la région parisienne a organisé un festival familial « Pour l’avenir des humains et de la planète ». Deux participants de notre région racontent.

 

 Par Marie-Lise et Marc Laurent, Église protestante unie de Vendée Ouest

 

Parmi les nombreux stands liés à l’environnement, le stand Église verte a reçu beaucoup de visiteurs, bien sûr venant surtout des paroisses de l’Église unie de l’Île-de-France mais nous étions également quelques-uns de la région Ouest.

 

Des documents étaient à la disposition des visiteurs et malheureusement ou heureusement, il en a manqué. Des salariés de l’association étaient présents et ont organisé un petit jeu permettant d’échanger les différentes activités paroissiales liées à la démarche Église verte : des transformations dans les bâtiments souvent vieillots ou en lien avec des problèmes de chauffage ; des jardins partagés ou aménagés avec des jeunes, avec plantations choisies, des rencontres avec des élus locaux, les relations œcuméniques, des sensibilisations aux excès de la surconsommation, du suremballage…

Un cahier de demande de renseignements a obtenu plus de trente coordonnées de paroissiens. Le stand n’a pas désempli même le temps de midi.

 

Pour lire la Bible dans une perspective écologique

 

Une conférence avec comme intervenante Madeleine Wieger, maître de conférence de l’université de Strasbourg, enseignante en philosophie biblique, normalienne agrégée de lettre avec un parcours complet d’études de théologie protestante.

 

Pour Madeleine Wieger, la Bible ne donne pas de renseignements sur la limite matérielle de la terre, mais elle donne à l’humain des points de limite dans le temps. Elle place de nombreuses fois l’être humain dans une gestion du temps. Par exemples : la sortie de l’humain du jardin d’Éden, Noé et le déluge, le repos sabbatique… Il est question souvent pour l’être humain de passer un temps limité sur terre, ce qui nous renvoie à notre propre mortalité. Il doit même, d’après les textes, se surpasser dans un temps limité, dans un sens de justice, avec la grâce qui lui est offerte.

 

Comme au temps de l’antiquité, avec de grands philosophes comme Socrate, la Bible nous parle de notions d’autolimitation, c’est-à-dire d’un seuil à ne pas franchir pour éviter toutes sortes de déboires, peut-être pas mortifères mais graves. Elle rajoute que, pour nous, cette autolimitation, vie sans addiction, actes extrêmes, débauche…nous permettra d’avoir plus de liberté intérieure en limitant le tyran que nous avons à l’intérieur de nous.

En parallèle, l’intervenante nous a donné un exemple actuel où en Corée du sud, les Coréens, voyant le potentiel forestier diminuer fortement, ont organisé une reforestation qui est un véritable succès aujourd’hui et même une fierté nationale.

 

Madeleine Wieger nous a parlé de la dénomination de Dieu créateur en lien, pour elle, avec l’écologie. Ce concept n’était pas de règle dans l’antiquité. Chaque population avait dans ses principes d’organisation, un roi et son propre dieu en un lieu précis. Ceci ne changeait que lors de batailles où le peuple vaincu n’avait plus de roi et perdait alors son dieu.

Dans ce contexte, le peuple juif lors de la victoire des babyloniens au VIe siècle avant Jésus-Christ, avec la destruction du temple et la déportation en exil, se retrouvait sans roi, sans dieu. Cela était bien sûr une catastrophe. Pendant et en revenant de l’exil, les auteurs de la Bible ont eu l’idée de maintenir l’existence d’un dieu, non pas de leur propre dieu, mais d’un Dieu pour tout le monde, une idée novatrice.

 

La suite des écritures de l’Ancien Testament n’est plus liée uniquement à la force des batailles avec, au fur et à mesure que le temps s’écoule, un Dieu créateur, non violent, sensible, qui ne laisse pas les hommes tous seuls. La différence est que Dieu assemble tout, sans déchets contrairement à l’être humain qui n’est pas un co-créateur car il laisse souvent des imperfections (péchés) derrière lui et donc des déchets. Toutes ces idées se retrouvent dans la Genèse (Noé), dans le livre de l’Exode (le passage de la mer Rouge, la manne), et dans Ésaïe (Cyrus permettant au peuple juif de retourner chez lui). Ainsi la création est sans cesse renouvelée par l’autorité de Dieu.

Dans la Bible est associé aussi un Dieu unique créateur n’acceptant pas d’autres idoles créatrices.

Pour terminer sur le Nouveau Testament, que fait Dieu pour nous ? Il donne une nouvelle création, la résurrection (Jean 20.15). Il continue son œuvre de jardinier en faisant retourner l’être humain dans le jardin d’Éden.

Paul ne fait que reprendre : l’homme est sauvé dans une vie sans déchets c’est-à-dire sans péché. La conférencière a conclu en disant que les gestes écologiques rejoignent les gestes théologiques en se plaçant sous l’autorité de Dieu.

 

Spectacle Écolo swing de la compagnie Sketch’up © DR

 

Le spectacle théâtral «écolo swing» de la compagnie Sketch’up

 

Le décor : un fond noir et cinq tabourets. Cinq comédiens arrivent sur le podium. Leurs costumes déjà nous interrogent, en plastique ou avec des fleurs.

Et là, la magie opère : quatre comédiens et un violoncelliste. Sous la forme de saynètes inspirées par les Fables de la Fontaine, ils nous interrogent sur notre rapport à la nature et notre rôle en tant qu’humains.

Toutes les saynètes sont écrites en alexandrins, avec les mots d’aujourd’hui. Le talent du musicien et des comédiens nous étonne, nous accompagne. Ils font vibrer et résonner chaque mot avec tendresse ou férocité, humour et réalité, peur et espérance, dégradation ou beauté. Le chant, la musique swing font partie intégrante du spectacle et de la mise en scène.

 

Créée en 2020, la pièce reste d’actualité dans un monde qui semble avoir perdu une partie de son bon sens et qui peine à relever le défi climatique qui nous concerne toutes et tous. Ces fables permettent aussi de mettre en lumière de nombreuses vérités parfois difficiles à dire ; ces fables nous donnent un regard extérieur qui nous interroge sur notre propre réalité, parfois bien plus absurde.
Un exemple parmi tant d’autres : un client d’un café est assoiffé et demande un verre d’eau. Le serveur lui propose quantité de variétés avec de nombreuses possibilités de l’agrémenter, avec et sans glaçons, de l’eau tiède, chaude ou bouillante, avec un sachet de tilleul, de menthe ou avec un arôme d’orange ou de citron, avec ou sans zeste. N’étant pas intéressé par toutes ces propositions, le client veut un simple verre d’eau du robinet, ce à quoi le serveur répond qu’il ne sert pas les produits gratuits.

 

Après une heure trente de spectacle, un temps de discussion nous a permis de rencontrer les comédiens. L’un deux est aussi le metteur en scène. La compagnie Sketch’up vient de Marseille. Elle crée depuis 40 ans des spectacles originaux où les enjeux de société s’articulent à une recherche de sens. L’auteur du spectacle, de formation théologique, reconnaît avoir écrit un spectacle à destination du grand public, avec peu d’allusions bibliques ou théologiques, mais admet une inspiration à travers « Laudato si » ou le travail de l’Église verte. Les textes, dont la deuxième moitié a été écrite pendant le confinement du printemps, sont des fables en hommage à Jean de La Fontaine. Olivier Arnéra, un des fondateurs de la compagnie Sketch’Up Cie, nous explique : « En rencontrant des plus jeunes dans le cadre de formations, j’ai compris que la question de l’écologie était fondatrice dans notre rapport au monde. Je voulais sortir des discours techniques et politiques pour dire une poésie de l’écologie. La culture aussi doit être un vecteur de la transformation de notre relation au monde vivant. » Un spectacle à voir et revoir… !!!!!

 

 

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