Témoignage
Idiss, Robert Badinter, Fayard, 2018, 245 p., 20 €
Comment, un petit-fils d’émigrés juifs de Bessarabie arrivés en France après la première guerre, dont le père est mort à Sobibor en 1943, devient avocat, ministre ayant porté le projet d’abolition de la peine de mort, président du Conseil constitutionnel et pourfendeur de l’antisémitisme ?…
L’affection de sa grand-mère Idiss en porte une large responsabilité. Celle-ci est née dans le Yiddishland en 1863, à la frontière occidentale de l’empire russe. Elle a connu la pauvreté des juifs des Shtetels. Quand sont mari part dans l’armée du Tsar, elle survit en vendant ses broderies sur les marchés, puis elle fait de la contrebande de cigarettes à la frontière russo-roumaine. À la surprise générale, son mari rentre au village et naissent trois enfants. Ensuite la famille émigre en France, à Paris. Ses enfants courageux vont réussir dans la débrouille puis dans le commerce légal. L’auteur nous fait vivre ce que sa grand-mère lui a raconté de la montée de l’antisémitisme, de la guerre, de l’angoisse des juifs pendant l’occupation. Elle va mourir en 1942, après que sa fille et ses deux fils, dont Robert, seront partis à Lyon pour échapper aux rafles. Un récit poignant.
Stéphane Griffiths