Des musiques à écouter en novembre

Dernières lueurs du Grand Siècle et Saint-Clair.

MUSIQUE CLASSIQUE

 

Dernières lueurs du Grand Siècle 

André Raison, Second livre d’orgue, 1714, extraits – Jean-Christophe Revel, orgue, 2022.

 

J.-C. Revel a enregistré ce Second livre d’orgue d’André Raison sur le superbe orgue Jean de Joyeuse (1694) de la cathédrale d’Auch. Si la première partie se fonde sur Da pacem Domine, la deuxième partie fait entendre une quinzaine de Noëls populaires, foisonnants de variations et de diminutions, parfois alternés avec leur version chantée. Par son jeu limpide et enlevé, et des registrations colorées bien assorties au savoureux tempérament de l’orgue, J.-C. Revel restitue un climat festif et joyeux. Un beau chemin vers Noël !

 

Béatrice Verry


CHANSON FRANÇAISE

Sans-Clair

Un album de Benjamin Biolay, Label Romance Musique.

 

Benjamin Biolay louvoya longtemps entre un dandysme narquois et une sincérité hautaine, sale gosse surdoué courant au devant de toutes les gloires possibles – chanteur, compositeur, producteur, auteur, pygmalion, époux, amant, twittos, acteur…

Mais il dispose d’une curieuse classe affleurant sous l’insolence, d’une âme d’artiste effaçant sa noire goguenardise. Approchant des cinquante ans, il sort son dixième album et Saint-Clair ne raconte pas un artiste pacifié, pacificateur ou pacifiste. Il ne s’agit pas de guerre non plus : après Johnny Hallyday ou Lou Reed sur des modes différents, il se pose la question de l’âge dans le rock, avec d’autant plus d’acuité que la matière musicale de ses nouvelles chansons se charge de beaucoup de guitares et de claviers, de saturation et de rythmiques puissantes.

Biolay règle quelques comptes avec le contexte religieux de sa jeunesse, les titres de ses chansons explorant à la fois des débris de dévotions et la toponymie d’une vie en France : « Santa Clara » (en duo avec Clara Luciani), « Sainte-Rita », « Saint-Germain », « Saint-Clair ». Il s’étend çà et là sur ce qu’il appelle « l’éminent silence de Dieu » et sur la solitude forcée de qui traverse son siècle sans autre amour que celui que l’on conquiert, vole ou arrache. Évidemment égotiste mais singulièrement sincère, un cheminement dont l’épaisseur des arrangements peut cacher la pantelante poésie et la troublante impudeur.

 

Bertrand Dicale

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