Et la fête continue !

Par Roseline Cayla, Église protestante unie d’Angers Cholet

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« Formidable ce film, m’a dit une amie ; tu sens que les gens ont de l’amour les uns pour les autres ! Il y a plein de phrases que tu aimerais copier pour t’en souvenir ! Tu sors de ce film réconfortée ! ». Bien sûr chère amie, je suis allée le voir, ce film Et la fête continue ! de Robert Guédiguian. J’y serais allée de toutes façons, car je n’ai jamais été déçue par un film de ce réalisateur qui a des convictions. Les rôles sont tenus par sa bande d’amis. Ils se connaissent, ils s’apprécient et vivent leurs personnages comme s’ils étaient eux-mêmes.

Comme une épopée

Nous sommes bien sûr dans un quartier populaire de Marseille, que Robert Guédiguian filme toujours avec empathie. (Je revois les couleurs des cartes postales de naguère, retrouvées dans les tiroirs…). Mais cela commence par les recherches dans les décombres de l’immeuble insalubre qui s’est effondré, rue d’Aubagne. D’autres vont suivre peut-être. En contrepoint, nous voyons une jeune femme, Alice (Lola Neymark) passionnée de théâtre et qui fait du bénévolat auprès des migrants. Elle dirige une chorale improvisée. Ils chantent Emmenez-moi. On voit une banderole : « Église occupée ». « Rien n’est important que de vivre », comme le dit cette chanson de Charles Aznavour. Tout le monde s’affaire, sous le regard d’Homère dont le buste, sur une colonne au centre de la place, est peut-être comme un message subliminal ; ce film serait comme une épopée… celle des Arméniens, très présents dans ce récit. Bientôt voilà Sarkis (Robinson Stévenin) le patron du bar La nouvelle Arménie. Et nous voyons aussi son frère Minas (Grégoire Leprince-Ringuet) moins attaché au passé et à l’histoire que Sarkis, Rosa, leur mère veuve (Ariane Ascaride) qui a toujours milité, tout en soutenant sa famille.

Affronter les problèmes en commun

Lors d’un repas familial, Sarkis présente Alice, ils vont bientôt se marier. Plus tard Rosa fera la connaissance d’Henri (Jean-Pierre Daroussin), le père d’Alice, veuf lui aussi, avec qui elle entrera en sympathie…

Et puis, il y a Antonio, « pas sérieux », dit sa sœur Rosa, mais qui a le cœur sur la main, et qui laisse sa chambre à qui en a besoin… « Peut-être le dernier communiste », disent les autres en plaisantant. Il vit en colocation avec une jeune infirmière. Ainsi, nous avons aussi un aperçu du problème des hôpitaux où des infirmières débordées sont tentées de démissionner. Et puis il y a les élections municipales qui approchent. Les partis de gauche vont-ils réussir à se mettre d’accord sur un candidat commun ?

Dit comme cela, c’est un peu fouillis ! Le réalisateur tire beaucoup de fils, simplifiant forcément des situations complexes. Mais le film donne une impression de bonheur, car être heureux ce n’est pas vivre sans problèmes, c’est pouvoir les affronter en commun et s’en sortir. Les gens, quelle que soit leur trajectoire, ne sont pas vaincus. Comme le dit Rosa à la coiffeuse, qui lui suggère de couper ses cheveux, ajoutant qu’en politique il faudrait de nouvelles têtes : « Il faudrait surtout de nouveaux cerveaux ». Et j’aime cette dernière phrase prononcée par Rosa : « Il faut affirmer sans cesse que rien n’est fini, que tout commence ».

Oui, je ne regrette pas d’avoir vu ce film.