- Accueil
- Actualités
- Culture médias
- Livres – films – musique
- La pie voleuse
La pie voleuse
Partage
Un film réalisé par Robert Guédiguian, avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin
Le film qui m’a plu
………………….
Par Roseline Cayla, Église protestante unie d’Angers-Cholet
.
Robert Guédiguian, fidèle à son équipe d’acteurs et à l’Estaque, met en scène, comme d’habitude, des gens simples qui parfois vivent au jour le jour, mais qui s’entraident.
Maria (Ariane Ascaride), auxiliaire de vie d’une soixantaine d’années, intervient chez des personnes âgées, qui apprécient la façon dont elle s’occupe d’eux avec patience. Entre autres, un vieil instituteur en fauteuil roulant, M. Moreau (Jean-Pierre Daroussin). Il la trouve sympathique et lui fait presque la cour, se rappelant sa jeunesse ! Maria est mariée à Bruno, (Gérard Meylan) qui bricole à l’occasion la moto d’un copain. Il joue aux cartes, au café du coin. L’argent du ménage file ! Leur fille Jennifer (Marilou Aussilloux) caissière dans un supermarché, est mariée à un routier, Kevin (Robinson Stevenin) ; le couple a un garçon d’une dizaine d’années, Nicolas, qui étudie le piano au conservatoire et se révèle très doué. Il pourrait se présenter à un concours mais pour cela, il lui faudrait des leçons particulières : les parents n’ont pas les moyens de les payer.
Maria veut aider son petit-fils à réaliser son rêve…
Maria se propose de les aider. Comment ? Elle fera plus d’heures, dit-elle. M. Moreau a un fils, Laurent (Grégoire Leprince-Ringuet), avec qui il n’est pas en très bons termes. Ce dernier travaille avec sa femme Audrey (Lola Naymark) dans l’immobilier. Il s’aperçoit un jour que son père a fait beaucoup de chèques pour de fortes sommes : entre autres, il a loué un piano de concert !
Maria finit par être démasquée. Mais la mère du jeune prodige apprenant cela se précipite chez Laurent. Elle le supplie de ne pas porter plainte, Maria perdrait son travail. Sa famille remboursera tout, dit-elle. Jennifer est attendrissante et attirante. Laurent entreprend une relation avec elle. Il est tombé amoureux ! S’est-elle donnée à lui pour qu’il ne porte pas plainte ? Tu ne le sauras jamais lui dit-elle. Cependant Audrey, que Laurent s’apprête à quitter, a porté plainte contre Maria, pour vol et abus de faiblesse. Jennifer n’a rien promis à Laurent et n’a pas l’intention de se séparer de son mari…
M. Moreau est-il bien lucide …
Car il ne veut pas porter plainte et dit avoir lui-même signé ces chèques ! Il a encore le droit, dit-il, de faire ce qu’il veut de son argent ! (On pense à Monseigneur Myriel dans Les Misérables de Victor Hugo, qui prétend avoir donné à Jean Valjean les couverts en argent que celui-ci vient de lui voler). Justement, quand on lui signifie la décision de mise sous tutelle, M. Moreau appellera Hugo à la rescousse, récitant un extrait du poème Les pauvres gens… des personnes humbles qui prennent en charge, en plus de leurs cinq enfants, les deux enfants de leur voisine défunte. De plus, il versera régulièrement une pension aux parents de Nicolas, dit-il, pour que ce dernier puisse travailler son instrument ! Et Maria continuera à travailler chez le vieil homme comme il le souhaite !
Clin d’œil au spectateur…
Robert Guédiguian a-t-il songé à l’opéra de Rossini, lorsqu’il a donné à son dernier film le titre La pie voleuse ? Dans cet opéra, une servante, Ninetta, doit vendre son couvert en argent pour aider son père, un vieux soldat. Au même moment une pie vole une cuillère en argent chez les maîtres de Ninetta qui va être accusée et condamnée à mort ! Finalement, la vérité se révèle et tout finit joyeusement. Chez Guédiguian, Maria serait-elle aussi innocente que Ninetta ? Sans doute ! Pour vivre, les pauvres gens peuvent voler ou se prostituer…