Xalé. Les blessures de l’enfance

Un film de Moussa Sène Absa, sortie le 3 avril 2024, 1h41, drame.

CINÉMA

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Troisième et dernier volet d’une trilogie de films qui se veulent, selon l’auteur, « des hommages continus aux femmes, à leur force au quotidien », Xalé, inspiré par une histoire qui s’est déroulée dans sa famille, est un conte moderne qui aborde les violences faites aux femmes et exalte leur résilience et leur courage.

 

Découvrant la fréquence des agressions sexuelles sur des adolescentes dans le cercle familial ou scolaire, le réalisateur fait ici le portrait sans concession d’une société sénégalaise dont les valeurs traditionnelles sont en crise et où les femmes prennent de plus en plus souvent leur destin en main, tandis que l’exil vers l’Europe séduit des jeunes qui ne supportent plus ni la corruption des politiciens ni la précarité de leur propre vie quotidienne. La scène impressionnante qui ouvre le film prépare au climat d’une narration rétrospective qui va l’expliquer. Awa et Adama sont deux jumeaux de 15 ans qui s’adorent et vivent dans la banlieue de Dakar.

 

Elle s’investit dans sa scolarité tandis que lui, vendeur ambulant, ne rêve que d’émigrer en Europe. Leur grand-mère, en mourant, les confie à leur oncle Atoumane, à qui elle destine sa cousine Fatou. Celle-ci se révolte contre ce mariage forcé et se refuse à son mari qui la maltraite et qu’elle quitte.

 

Frustré, Atoumane convoite sa nièce Awa et la viole. Dépossédée de son enfance, elle choisit alors d’élever seule sa fille Binta, mais commettra l’irréparable lorsque le père réapparaîtra. Adama, de son côté, sourd aux dissuasions de ses parents et de ses amis réussit à traverser la mer. De façon très originale le dispositif narratif du film souligne son enracinement dans la culture africaine et dans le mythe. Portées par la musique folk des frères Guissé et hip-hop du groupe Daara J, les multiples péripéties dramatiques de l’action sont ponctuées, comme dans le chœur du théâtre antique, par des déplorations ou des commentaires scandés et mimés par de petits groupes d’hommes et/ou de femmes, vêtus d’étincelants boubous rouges, blancs ou bleus. De fait, le réalisateur est issu d’une famille de griots et la musique est pour lui un personnage à part entière dans ses films. Tourné en wolof, la langue principale au Sénégal, cet attachant mélodrame a représenté ce pays aux Oscars 2023.

 

Jean-Michel Zucker

 

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